
Passer un mois d’été 2024 à monter des murs en structures de bambou, argile et paille, m’a fait retrouver ce lien ancestral : l’homme et la glaise. C’est physique, éprouvé dans les mains, sensuel. Le succès de la pâte à modeler s’explique peut-être ainsi ? J’ai donc continué mes travaux prosaïques avec une expérience plus poétique : ces amulettes.
Je suis fasciné par les écritures et les signes, étranges, étrangers, et d'autant plus lorsqu’ils sont gravés sur des tablettes. Je ne voulais pas trop signifier, rester au berceau du symbole. L’évidence du sexe féminin s’est imposée, source de désir, de désir de vie, hommage à la fécondité, "l’origyne" du monde mais à mon avis exprimé plus honnêtement (?) que dans l’œuvre bien connue.
La difficulté se présentait alors de ne pas perdre le façonnage sensuel de l’argile, ductile, tout en érigeant un symbole avec l’éternel « minou » !
D’autres signes se sont proposés bien sûr, des points, lignes, croix, étoiles, carrés, formes grossièrement géométriques et plus ou moins évocatrices, avec la contrainte de rester cunéiforme : des petits segments de droites poinçonnés dans la terre humide...
Une évolution s'est imposée, que je ne souhaitais pas mais à laquelle j'ai accepté d'obéir. Ainsi, les premières réalisations sont grossières, mal façonnées et préhistoriquement gravées, puis la terre s'est apprivoisée, affinée, s'est laissée plus finement malaxer, et l'écriture est apparue, alphabétique - complètement anachronique, jusqu'aux citations empruntées à Homère.
J'ai le sentiment d'avoir marché, en une saison et avec ce processus artistique, sur les traces en écriture de l'humanité.
... terre humide et douce, avant de la laisser sécher puis de la cuire au fond du poêle à bois pendant l’hiver.
Les quelques photos ci-dessus sont en macro, espérant approcher suffisamment le regard pour goûter à la sensualité de la matière. Il y a plus particulièrement certains sillons du calame qui ont provoqué de délicieux ourlets dans l'argile.