12 ans de Web local avec des affiches, forum, télé, radio...

Adiu Sud Gironde

média citoyen  octobre 2004 - mai 2017 

Adiu était une association loi 1901 dont l'objectif était de promouvoir les technologies de l'information et de la communication (TIC) en milieu rural, pour les mettre au service de la cohésion sociale. Un réseau social né en même temps que Facebook, libre, respectueux de la vie privée, politique, une belle décennie d'aventure.


Sommaire :

 

Dynamiser les TIC en milieu rural

Site Web lancé en octobre 2004, Adiu est devenu rapidement un carrefour où les citoyens trouvaient les annonces et les événements qui animent le Sud Gironde et font la richesse de la région.

Il était l'équivalent en réseau d'un "Sabitout" ("je sais tout", journaux papier édités par les Offices de Tourisme ou les mairies), des traditionnels panneaux d'affichage sur les places des villages, des tracts et affichettes distribués de façon artisanale, et du "bouche à oreille".

Mais Adiu ajoutait la participation citoyenne aux moyens de communication modernes, pour favoriser l'animation du pays : ainsi, l'utilisateur était invité à imprimer des affiches, à saisir des petites annonces pour ses voisins (non-connectés), ou à transmettre celles qu'il a lu.

La dynamique d'Adiu était possible grâce :

  • à Internet, réseau d'échange puissant et peu coûteux, porteur d'utopie et héritier des révolutions induites par l'écriture et l'imprimerie
  • à la démocratisation des TIC, technologies que la vie rurale peut s'approprier pour mieux communiquer, pour lutter contre l'éloignement géographique
  • à une volonté citoyenne de partage, d'encouragement et d'éducation mutuelle
  • aux relations cultivées avec les associations du Sud Gironde et avec les collectivités locales.
  • à la gratuité de la plupart des services, et au refus d'une logique commerciale.

 

Des outils simples et efficaces

Deux premiers outils ont été mis à disposition aussitôt :

• Les affiches ; elles créaient une vitrine des évènements locaux et aidaient les acteurs locaux à communiquer au sujet de leurs manifestations. Les commerçants, les associations, les institutions, les artistes, étaient invités à télécharger (uploader) leurs affiches pour les imprimer et les accrocher en vitrine...

• Le forum ; il était d'un usage très simple et volontairement rudimentaire... sa meilleure chance de réussite : écrire ou copier-coller des informations en texte simple, cliquer pour poster le message ou répondre à autre visiteur. Le forum était le lieu d'annonces simples, mais aussi, surtout, de débats profonds, argumentés, parfois houleux mais toujours de très bonne tenue, avec pour thèmes le patrimoine, l'autoroute A65 ou la LGV, la chasse, la continuité écologique des rivières et les barrages et moulins, la gestion municipale, etc.

Principes de simplicité et d'accessibilité :

Pour préserver la simplicité des services Adiu, il n'y avait pas d'inscription préalable, pas d'attribution de mot de passe, pas de contrôle ; Adiu comptait sur le sens des responsabilités de chacun, et cela fonctionnait très bien. Le modérateur du site Web exerçait une surveillance, invitait au dialogue, et supprimait les éventuels messages illicites (spams, etc.) Hormis avec un élu susceptible qui a poursuivi Adiu en diffamation et s'est retrouvé débouté par un non-lieu, les 3 ou 4 « dérapages » se sont arrangés à l'amiable grâce à la de bonne volonté et de la compréhension mutuelles.

Ces deux services, affiches et forums étaient gratuits. Les moyens techniques mis en oeuvre étaient des ressources dites "libres" (Open Source) sinon gratuites, et disponibles sur Internet (serveur web de type Wiki, pmwiki, mécanismes des forums, base de données, calendrier, gestion d'images, langage de développement PHP...). Le temps passé à les mettre en œuvre et à gérer le projet étaient la contribution de l'auteur à la vie de la région.

Adiu avait le souci de rester un site web simple et sobre pour d'autres raisons jugées très importantes : les personnes âges ou handicapées (notions d'accessibilités défendues et normées par le W3C), les connectés en bas-débit, les technologies émergentes (connexion via mobile...)

 

Les Micro-sites

Là encore c'est un système dit "wiki" qui avait été implémenté, c'est à dire un logiciel serveur de publication simplifié. Wikipedia est un excellent modèle de wiki ; il montre bien comment une dynamique collective permet plus que la somme de ses individus.

Les micro-sites d'Adiu pouvaient être comparés à un marché où les producteurs locaux viennent exposer leurs produits. Adiu proposait de se réunir pour profiter, d'abord de l'achalandage du forum et des affiches, puis de l'attrait de ce regroupement de sites web. Ainsi, les micro-sites, les affiches et les forums étaient devenus un pôle de communication. On peut citer les micros-sites suivants :

  • Ane Bleu (Cie de Théâtre)
  • Fisoland (entreprise)
  • Cinéma VOG Bazas
  • Bioservice (asso d'écologie)
  • Jardin des arts (magasin de musique et arts plastiques)
  • Sel Du Ciron (Système d’Échange Local)
  • Vent d'ouest (musiciens)
  • Ramage (monnaie locale)
  • Participe Présent (maison sociale, avec Cdc, CAF...)
  • ...
Ces sites pouvaient comporter de grosses quantités de données multimédias ou se résumer à une simple carte de visite, selon le besoin. La structuration professionnelle du site web (respect maximum du codage de l'information, type html) ont permis une excellente visibilité du site sur la toile sans aucun effort de référencement.

L'ouverture d'un micro-site était réalisée en 1 heure, sa gestion se faisait directement, avec un navigateur Web (aucun autre logiciel nécessaire), et ce travail requerrait des compétences bureautiques sommaires. L'apprentissage se résumait à une démonstration, voire une heure de formation, et l'utilisateur impliqué trouvait toute la documentation en ligne. Adiu assurait bien entendu une aide gratuite à distance, sur place bien souvent, et pouvait aussi prendre en charge la réalisation d'un site, sa gestion au quotidien (cette fois avec facturation).

 

Un projet de développement

Le site a pu comporter, selon les suggestions des utilisateurs, d'autres outils et services tels qu'un système de covoiturage, une web radio (Zéro de Fréquence), un répondeur téléphonique ("ici j'y suis", à la façon du "Là-bas si j'y suis" de Mermet)...
Exemple de développement mis en œuvre : un agenda destiné à permettre la coordination des dates d'événements des associations avait été lancé en avril 2005.

Photothèque et tourisme : à l'initiative de l'Office de Tourisme de Bazas et avec la proposition d'Adiu de l'ouvrir sur le Web, une quinzaine de passionnés de photographie ont créé une photothèque thématique destinée à offrir aux internautes des images de nos cantons... invitation au tourisme.

 

Des médias qui cultivent le local, le rural...

Anticipant de plusieurs années la convergence des réseaux, Adiu avait créé des médias en ligne tels qu'une télévision locale – AdiuTV – et une Web radio animée en partie par Didier Houde, un temps par de jeunes adultes (en Service Civil Volontaire, partenariat avec le Conseil Général et Unis-cité). Au-delà de leur mission première d'expression ou d'information, ces médias étaient aussi :

  • une volonté de réflexion politique sur les rôles et les responsabilités des médias
  • le prétexte à une éducation citoyenne
  • l'occasion d'expressions artistiques...

 

... Et vitrine au-delà

Internet est par nature un média étendu qui dépasse le local.

Même si Adiu prétendait mettre les technologies de l'information et de la communication au service du local, qui plus est rural (l'exergue du site "le village global local", en opposition volontaire avec la théorie du village planétaire induit par les médias de masse de Marshall McLuhan), et démontrait leur efficacité, l'aspect "vitrine" n'était pas oublié.

Adiu créait des liens distants, par exemple en participant pendant 6 mois (en 2006-07), chaque semaine, à des diffusions télévisées sur un canal Freebox avec Zaléa, une télévision associative parisienne. Adiu proposait ses vidéos sur Dailymotion et YouTube, et finalement Vimeo. La photothèque était aussi un exemple de vitrine distante.
Plus localement, Adiu participait à des manifestations sur le terrain, en filmant ou en projetant des vidéos (télé-brouette, avec les Fifres de St-Pierre d'Aurillac, Uzeste Musical, le Pampa Café, La Grange de Montgauzy... documentaires sur le Ciron ou l'environnement avec la Cdc de Villandraut...),

Ils ont parrainé Adiu Sud Gironde à sa naissance, ou sont actifs dans le projet :

  • Adichats
  • Arts & actions
  • Âne Bleu
  • Bazas Culture
  • Bioservice
  • Centre Culturel des Carmes
  • Cinéma de Captieux
  • Club Informatique de Pujols sur Ciron
  • Cdc Captieux & Grignols
  • Commune de Captieux
  • Gisquet
  • Imagiques
  • Les Journades
  • Le Jardin des arts
  • PNR des Landes de Gascogne
  • Blanc d'Engobe
  • Office du Tourisme de Bazas
  • Uzeste Musical
  • ...

 

Statistiques

La progression des visites sur le site d'Adiu, dès sa naissance fin 2004 et dans les 4 ou 5 mois qui ont suivi, a été étonnante.

Les années ont confirmé les premières statistiques, et Adiu pouvait afficher les chiffres ci-dessous en 2009, tout en insistant sur le fait que le projet avait été mené sans aucun budget et n'avait coûté que du temps et un peu d'argent à son initiateur.

185 visites/jour pour 522 pages vues/jour en moyenne entre janvier et mars 2009
nombre d'affiches envoyées en 2008 : 221, en 2007 : 240 , en 2006 : 258... Près de 4500 affiches ont été publiées en 12 ans, soit plus d'un par jour.

Près de 4000 thèmes ont été ouverts sur les forums d'Adiu, entraînant pour certains plus d'une centaines de messages lors de débats.

Les affiches et publications étaient envoyées par une centaine d'acteurs locaux tels que des institutions (Pays des Landes de Gascogne, PNR, CDC de Villandraut, cinéma de captieux, Centre culturel des Carmes, mairies...), des associations (Uzeste Musical, Adichats, Nuits Atypiques, Offices de Tourisme...) des artistes, des particuliers, etc.

 

Ce qu'on a fait, en vrac

Liste non exhaustive, à compléter au fur et à mesure.

  • un concours de pocket-films
  • des ciné-concerts
  • des tournages vidéo improvisés
  • une télé à la demande, avec plus de 200 vidéos
  • des documentaires sur commande
  • des projections "télé-brouettes"
  • une pression médiatique locale
  • de la modération au quotidien
  • des sauvegardes hebdomadaires
  • des escapades photo
  • une perte de temps dans des "mauvais plans" institutionnels (Agenda XXI, Service Civil Volontaire, Maison Partagée...)
  • une liste de diffusion mensuelle (ou presque) avec plus de 600 abonnés
  • les micro-sites d'une bibliothèque municipale avec base de données des livres en prêt
  • d'un jardin partagé
  • d'une peintre
  • un roman policier & illustré à lire en ligne
  • un forum d'échange franco-japonais (!)
  • un contre-pouvoir utile et nécessaire
  • à peine plus de 40 adhérents dans les meilleurs jours
  • des projets pleins les cartons
  • 3 DVD à l'époque où le web ne supportait pas bien le streaming
  • un maximum de contenus en Creative Commons by-nc-sa
  • les blogs d'un projet d'éco-hameau
  • d'un territoire en transition
  • d'une clown
  • de minuscules hamsters
  • des récupérations et des dons d'ordinateurs avec le CHU de Pellegrin
  • des ateliers d'éducation à l'image en périscolaire
  • une défense haut-la-main devant une excellente juge comme quoi nous n'étions pas un médias putassier mais citoyen
  • un non-lieu après deux ans de procédure avec pour adversaire l'ancien maire Dominique Pairoys, mais aux frais de la municipalité
  • ...

 

Mais Adiu c'était aussi :

Des pressions hyper-locales politiques délétères, le constat que nous avons bien du mal à traduire en geste les idées dont on adore débattre, la démission voire le suivisme de chacun d'entre nous, une concurrence hégémonique du piège à clics des réseaux sociaux, et la couardise convaincante des fusils.

 

Conclusions

Une expérience riche, belle et pertinente en son temps, et qu'il a bien fallu terminer.

 

page modifiée le 04 juillet 2021 à 18h19       Creative Commons by-nc-sa