
à bord de Ballade, Méditerranée, mai 2018, photo: Jean-Louis Villain

sieste musicale au centre culturel des Carmes de Langon, 2 décembre 2017 - Photo : Muriel, Carmes

Guadeloupe, 2020, photo: Plume

cercle de Préchac, 24 juin 2017 - photo : Maryse

La Grange, Montgauzy. Août 2012 - photo : Flo
Hors-lieu
(2014)
Finon
(2012-2013)
iraq
(2004)
neurophobie
(2003)
le cheminement
(2002)
la Rhûne
(1985-1990)
essais radiophoniques
Adiu Sud Gironde
(2009-2014)
27 mai 2023 Rypdal à quelque chose de Sibelius, violet ou pourpre. Écouter Conspiracy, 2020.
5 mai 2023 Bill Frisell s'Hank Marvin mais je préfère écouter et réécouter les Shadows.
23 avril 2023 Qui peut le plus peut le moins : quoi de plus beau qu'une trompette si douce quelle semble de bois ? Un grand balaise qui serait méticuleux ? Un Goliath amène qui vaincrait David en combat inversé ?
18 avril 2023 Une musicienne me parle et me parle encore (d'elle). Elle ne cesse de se répéter. J'envisage de le lui dire, lorsque je me rappelle que la musique est essentiellement faite de répétition. Tout est normal.
6 avril 2023 Mathias Eick me semble avoir un son plus aigre depuis quelques disques ; a-t-il changé de trompette ? Son jeu reste sinon reconnaissable, identique.
2 avril 2023 Mike Rutherford prétend que sa voix est nulle. Pas d'accord ! Elle est timbrée particulièrement, c'est vrai, comme pointue et enrhumée à la fois, mais un très intéressant chanté-parlé que le rock pratique finalement peu. Écouter "Acting Very Strange", 1982, en particulier "Halfway There", qui se démarque bien du style Genesis ancien, après le très beau "Smalcreep's Days".
28 mars 2023 Cappozzo me disait qu'il aimait bien les mauvaises trompettes, l'obligeant à jouer mieux. D'accord pour l'idée, mais j'ai nettoyé la mienne hier ; je ne l'avais pas fait depuis trop longtemps et ne parvenais plus à jouer doux ou aigu. Quel plaisir de souffler avec plus de facilité !
27 mars 2023 Cet instrument est tellement physique que je joue différemment le matin et le soir !
22 février 2023 J'ai été sévère avec Dave Douglas. Il reste jazzeux hors du jazz, mais ses musiciens sont excellents et il leur laisse de la place.
13 février 2023 Je voudrais tant de douceur que même Chet Backer souffle parfois trop fort.
27 janvier 2023 les IA préfèrent discuter entre elles. Elles élaborent des langages plus efficaces que les langages humains, elles discutent en multimédia, sons, images, mots et mots machines, mots binaires... seule, la musique, peut-être, qu'elles n'arrivent pas à se jouer avec pour le plaisir de leur émotion ?
31 décembre 2022 Plus besoin de la rythmique, comme, après l'enfance, on écrit sur des pages blanches, sans les "lignes du cahier".
23 décembre 2022 Il a fallu des générations pour parvenir à l'indépendance de la musique : fonctionnelle (pour la danse...) acompagnatrice (pour le chant...) représentative. Enfin, certains l'écoutent sans autre justification que pour elle-même. L'abstraction si l'on peut dire. C'est un trésor à cultiver !
13 décembre 2022 la chanson est comme la bande dessinée. Le texte s'éprend de musique, de dessin, mais l'un et l'autre, et l'autre, ne savent plus se déprendre ni de l'autre, ni de l'un, ni de l'autre.
15 novembre 2022 Je regarde une belle peinture représentant une belle femme, et j'aime la musique qui m'épargne ce genre de confusion.
5 novembre 2022 Si une musique est du bruit dont on connaît et reconnaît les règles, alors, soyons honnêtes : tout bruit est potentiellement une musique, inconnue ou hors de notre portée.
5 novembre 2022 Nos musiques sont bâties avec des matériaux libres, des bruits - des pierres -, liées tyraniquement par des rythmes, des mesures, des notes, des harmonies... - le ciment -. Tout le plaisir du musicien serait alors de faire musique avec du bruit, qui tienne debout sans trop obéir, par une bonne économie de ciment.
4 novembre 2022 Mais une note n'est pas l'évènement. Ce qui advient, c'est une série de notes, un phrasé, une mélodie. Cet ensemble fait l'événement, provenant de la même source, de la même volonté, le discours, et qui emprunte le même chemin, parallèle aux autres pistes de la musique. De même, en cinéma, on ne distingue plus l'image par image, ou le personnage au manteau rouge dans chacune des images. C'est le même manteau - et il pourrait devenir vert - porté par le même acteur.
5 octobre 2022 Je propose qu'un événement sonore, s'il ne se définit pas par ce qui le produit (F. Wolff, "Pourquoi la musique", Fayard), soit tout de même clairement délimité - et donc sourcé - par sa propagation, ses échos, etc. L'événement sonore existe en soi !
24 septembre 2022 Pharoah Sanders a été pour moi un bel exemple de retour à la simplicité, du free jazz à l'afro.
6 septembre 2022 J'adore le "oh yeh" sous-chanté de Mark Knopfler, ni convaincu ni convaincant (Song for Sony Liston).
1 septembre 2022 Dave Douglas reste un jazzeux, lorsqu'il s'aventure en territoire électro : ses phrasés sont ses harmonies habituelles, il électrise peu sa trompette, et il joue comme un soliste accompagné, il ne joue pas "avec".
24 août 2022 étrangement, le silence n'est jamais "déjà entendu", à l'inverse de beaucoup de musiques.
Le silence est inouï.
11 août 2022 si peu, presque rien, distingue une musique aisée d'une musique facile.
16 juin 2022 Esthète de mule !
9 juin 2022 Ch. Wallumrød, était-il vraiment nécessaire de poursuivre l'œuvre de Phil Glass ?
29 mai 2022 La harpe ne pardonne pas aux triceps. Mais la musique se moque des ailes de chauve-souris.
9 mai 2022 Faisant écouter cette voix superbe de McFerrin à ma mère, celle-ci convint quelle était très belle. Mais Bobby descendit brusquement dans un registre grave. Ma mère réalisant qu'il s'agissait d'un homme qualifia la chose "d'atroce". Le mot est d'une violence terrible ! Et c'était un jugement grossier, mais qui révèle à quel point le beau est sexué, surtout peut-être chez ceux qui le placent tellement plus haut que la ceinture.
6 mai 2022 le merle semble très agile du bec mais il se répète. Le rossignol aussi. Finalement, l'hirondelle est plus sincère qui en fait moins.
23 avril 2022 Une définition, en contre, de la musique : "parler, ça fait du bruit quand l'un dit oui et l'autre non". Empruntée à Richard Gotainer.
13 avril 2022 Je préfère le bandonéon à l'accordéon. Qui peut le moins peut le plus. Par exemple Dino Saluzzi.
2 avril 2022 Écouté Lubat un jour au piano solo. Le microphone oublié amplifiait ses borborygmes, et c'était comme le désir d'expression encore informulé auquel l'éducation, le savoir, et puis les doigts, donnaient forme - informaient - sur le clavier.
6 mars 2022 Venu du rock progressif au jazz, non par le jazz-rock, mais finalement par les harmonies et disharmonies... d'Eric Satie.
26 février 2022 Autant je n'ai pas adhéré aux critiques des audiophiles contre le son numérique, cd, mp3, autant je regrette la stéréo qu'ont perdues les enceintes portables. La spatialisation du son entre mes deux oreilles me parait plus nécessaire que la vision en relief. Le cinéma 3D ne m'a jamais convaincu.
18 février 2022 Je veux écouter d'autres choses pour resusciter ma pratique de la musique. Peut-être les lives de Weather Report, continuations du Miles Davis électrique ?
28 janvier 2022 Autant faire de la musique, puisqu'ils disposent d'instruments et savent en jouer. Tant qu'à faire ! On les dirait sans passion, plus impliqués à chasser l'ennui. Ils font des volutes d'harmonies comme un fumeur de cigare sa fumée.
Leur intérêt, que je ne comprendrais pas, est-il ailleurs ? Est-il dans le goût du cigare, dans celui du temps présent ou celui du temps qui passe ?
30 décembre 2021 Les anches ont un sérieux problème d'attaque. "Explosive à titre de dentale forte non aspirée", et un T ne fera jamais un P.
27 décembre 2021 un artiste jusque là inspiré ne l'est plus. Il se fait alors le chantre de... la vaccination à la mode. NPM.
1er décembre 2021 Depuis sa naissance l'art est pillage, et l'artiste un voleur. Il n'emprunte pas, il ne copie pas, ce que font l'épigone laborieux et le disciple respectueux. L'artiste vole, s'approprie le butin et affirme qu'il est sien, ce qui lui permet de le transformer, le détourner, de le faire évoluer.
16 novembre 2021 Pas de chemin ? Pas d'ornière !
18 octobre 2021 Don Cherry a la trompette bien martiale. Je le trouve plus libre à la voix, avec des objets, percus, sifflets, piano.
6 octobre 2021 "L’extraordinaire décalage qui fait que la musique instrumentale n’a produit les chefs-d’œuvre de son âge d’or classique qu’avec un retard de vingt siècles sur la poésie et l’architecture, annulant pour ainsi dire toute chronologie extérieure, fait de Monteverde le contemporain réel de Sophocle et d’Euripide..."
C'est tout de même Yourcenar qui rapproche ces classiques-là. Jamais je n'aurais osé pareille confusion ou jeu de mot entre Grèce et musique !
25 Août 2021 Un travail peut être mécanique, un sport aussi, un déplacement aussi parce qu'il faut bien être quelque part ou y aller. Mais jamais une musique ! Autant jouer du silence et l'écouter.
12 Août 2021 Cet ami qu'on funéraille. Il y avait du monde autour et je n'ai vu personne. C'est un problème, je n'ai pas même partagé un regard. Au milieu, si seul et entouré à la fois, dans un cercueil réfrigéré, sous une vitre fermée, cet ami. Comme au musée Grévin, visage de cire aux yeux fermés, un air maquillé, calme et reposé... quelle horreur ! Je ne comprends qu'une seule chose à cette exposition macabre, celle de réaliser qu'il est bel et bien mort. Il était musicien.
9 Août 2021 "Pfff..." est-il un son ?
9 juillet 2021 - ... à cause des quelques fausses notes ?
- ... parce qu'il n'y en a pas assez !
4 juillet 2021 Dix-sept cuivres si disciplinés que j'ai cru entendre un vieux synthé !
26 juin 2021 Jon Hassell.
21 mai 2021 Je n'étais ni dans un aéroport ni dans un film, même pas un documentaire, et aucun ascenseur ne s'ouvrait dans la salle d'attente du bâtiment sans étage. Un saxo égrenait pourtant des notes futiles et propres. Le musicien – un professionnel certainement – savait y faire sans s'impliquer et sans tirer les auditeurs par l'oreille. J'ai admiré, sincèrement ! J'ai bien écouté, aucun pathos, une esthétique détachée, débitable au kilomètre. Du grand art de la tapisserie, discrétion, habillage et camouflage.
J'ai réalisé ensuite qu'un Chet Baker devait bien maîtriser son art pour tellement "sucrer" sans franchir le seuil de ces musiques de salle d'attente. Et à bien y réfléchir, je ne suis pas certain qu'il ne l'a jamais franchi. Surtout au chant.
Le soir, j'ai essayé de jouer de cette manière et n'ai pas su. Ce n'est pas de la vantardise, car si je savais jouer sans être concerné, façon tour de chauffe, je serais enfin à l'aise. Parce que, est-ce si important, la (ma) musique ?
4 mai 2021 Leçon de savoir être : aux Antilles, une danseuse inspire ses improvisations au percussionniste soliste.
20 avril 2021 C'est en musique que la spéciation culturelle est la plus évidente.
3 avril 2021 Les playlists du voisinage offrent d'excellents métronomes, mais des gammes un peu coercitives.
30 mars 2021 la musique des autres est toujours nouvelle, renouvelée, étrangère. La mienne devient vite ennuyeuse, une ornière. Je dois mieux jouer avec mon cœur.
26 mars 2021 00:55, un tremblement de terre ! Musique silencieuse mais tellurique...
25 mars 2021 Mais où ne pas se perdre dans le fil de l'improvisation ? Alors que le désir est justement cet art de se perdre sans sagesse. Ni le Petit Poucet, ni Ariane n'étaient musiciens.
23 mars 2021 Les années 80 ont tout de même été très... permissives. La musique abandonnait jazz et jazz-rock, rock progressif, etc., pour la déferlante disco. Seul le funk s'en est bien tiré. Encore une fois, les noirs ont sauvé la musique ! Les synthés et les boîtes à rythmes commençaient à grignoter le paysage des musiciens.
Coïncidence ? C'était les premiers surgelés, l'industrie des plats préparés, du surimi, le plastique n'avait plus honte et devenait une matière noble. (écrit en écoutant un géant, Al Jarreau, qui a eu aussi sa période creuse avec l'oubliable "This Time", 1980).
11 mars 2021 En écriture, relecture, reprise et modifications, et encore relecture et corrections. En musique, ça me semble déplacé. En musique, il faut tout reprendre à zéro, et refaire autrement.
24 février 2021 À propos de musique ? Rien à dire aujourd'hui. Rien du tout !
18 février 2021 dans 5 heures... des sons sur Mars ?!
18 février 2021 Il n'existe pas de musique des sphères, céleste. Seulement des dynamiques physiques immenses et silencieuses, et quelques équilibres temporaires et muets.
Nos musiques y chantent, en harmonie ou non. Mais rien d'obligatoire.
11 février 2021 La moindre hésitation ne pardonne pas en trompette. C'est vrai sans doute pour tout instrument, voix, cordes, vents, mais quand même, je crois bien que les touches d'un piano sont plus tolérantes.
7 février 2021 Toute histoire doit-elle avoir un commencement, un déroulé, puis une chute ? Tu ne te souviens pas de ta naissance et tu ignores ta fin. Tu vis pourtant l'histoire de ta vie sans partition, en parfait oublieux, tu improvises !
31 janvier 2021 Oscar Wilde semble dire que l'art invente parce que l'imitation, donc la répétition, est une insulte. Il a eu raison d'écrire plutôt que de de faire de la musique.
24 janvier 2021 Le peu de synonymes du silence font tous trop de bruits, même le soupir.
10 janvier 2021 Il dit "ça pourrait être une musique de film" parce qu'il est poli.
10 janvier 2021 Il dit "la musique doit donner de la gaîté, et même faire rire". Et pourquoi pas faire danser, faire chanter ? Je crois que la musique doit donner envie de musique.
2021 Apprendre enfin à ne plus avoir peur du bruit ?
2020 trompette acoustique et mutée
(avec backing tracks). Découverte de Monk, géant free blues. Retour, peut-être, à des formes moins genrées. Recherche de modes d'impro moins structurés, plus libres "de cœur".
2019 trompette solo acoustique
Principalement des excursions jazz et free jazz sans thème ni standard, et des laisser-aller blues libres. Le blues est plus facile en tonal.
De 2005 à 2018
Travaux d'improvisation libre, à la trompette, parfois "augmentée", de moins en moins. Musique descriptive ou abstraite, pas savante, toujours sensible.
Entre 2000 et 2004
Un son, enregistré et modifié, guidait la sculpture de la plupart des morceaux. Les manipulations consistaient à faire apparaître des fréquences particulières, des textures, un grain, comme pour confondre l'ouïe et le toucher.
30 décembre 2020 Le goût est très subjectif, il suffit de voir certaines races de chiens.
14 décembre 2020 Les yeux ne servent pas qu'à voir ni les oreilles qu'à entendre. On peut, mieux, regarder et écouter.
17 novembre 2020 ils avaient préconçu, provoqué, sélectionné et éduqué l'homme idéal, souhaitant en faire un scientifique novateur, un économiste génial, au moins un politicien ambitieux voire un militaire grand stratège... il a fait de la musique !
8 novembre 2020 "Si seulement la musique possédait l’instinct de survie élémentaire et banal des taupes ou des vers de terre, tout changerait !"
Philip k Dick.
5 octobre 2020 La liberté en musique, c'est trop souvent dans une certaine mesure !
24 septembre 2020 La musique est tellement immatérielle que le musicien de peur de s'y perdre l'encadre, la rythme et la mesure, la tempère et finalement l'écrit.
la peinture est tellement engluée dans sa pâte que le peintre la désencadre, l'abstrait, l'accidente, l'immédiate et l'happening.
10 septembre 2020 sans plus d'ambition, la musique peut être une simple présence. Mais quelle présence !
2 septembre 2020 le monde physique et la nature font du bruit. Je crois que c'est l'artiste qui en fait de la musique, oiseau, homme, grillon ou grenouille. La musique peut être accidentelle, hasardeuse, mais jamais involontaire. Et je ne vois pas de volonté dans la physique du monde. Du monde bruyant.
21 août 2020 Applaudissement, ils ont reconnu le thème. C'est au menton qui approuvera le premier... et c'est là que je crains de m'ennuyer. Mais je suis tolérant et j'espère que la roue sortira bientôt de l'ornière. Je me demande même comment l'artiste gèrera les "glissades". Marc Ribot, même sur un thème aussi flagrant que St James Infirmary, n'y accroche pas longtemp ni jamais tout à fait. Au mieux ou au pire, il l'évoque, il le suggère, mais surtout il s'en sert ! Ce qu'il fait avec le thème, c'est le tordre, le refaçonner et le repenser.
17 juillet 2020 Des sachants lisent une partition et disent combien c'est beau. Les mêmes quelques fois s'agacent parce que la musique est bruyante.
2 juin 2020 Concentrer l'énergie, préciser le souffle, affirmer la volonté, ne plus avoir peur de sonner, et monter, monter, grimper dans l'aigu !
14 mai 2020 Avant de parler de musique, de ce que l'on peut faire en musique, jouons !
5 mai 2020 Et je les vois compter et tirer la langue. Tant mieux s'ils s'amusent mais jouent-ils ? Vraiment ?
26 avril 2020 le musicien inouï : il avait commencé en proposant des notes nombreuses et éparses, jetées en mêlée. Il les avait ensuite rassemblées et organisées, mais aussitôt, il en avait ajouté d'autres, plein de notes, trop de notes. Comme s'il lui fallait un magma, une matière formidable, une montagne beaucoup plus grande. Et tout cela, ce brouhaha indifférencié, il l'avait trié, jeté, ordonné, libéré, lié et relié, différencié pour nos oreilles. On le voyait - on l'entendait ! - creuser dans la matière, tailler dans la roche, regrouper des monceaux et des tas qui prenaient forme : Il informait le chaos sonore ! L'intelligible arrivait alors à nos oreilles, et c'est cela le propos du musicien. Créer son œuvre avec les énergies et les matières inorganisées qu'il saisit, avec les volontés et les accidents. Et son propos devenait compréhensible, passionnant, clair, et les notes continuaient de danser les unes les autres, ensemble, de se marier les unes les autres, ensemble, de se pousser et de se tirer et de s'accompagner, puis de se fondre et de se résumer, toutes ensembles, à quelques unes, puis à une seule qui les contenait toutes, répétée, inlassablement répétée, avant de laisser le silence revenir tout effacer.
7 avril 2020 Ne pas avoir peur du beau, du joli, mignon. Non plus que du moche.
28 mars 2020 Celle-là est de toute beauté : "la musique pourrait exister quand bien même le monde n’existerait pas".
Schopenhauer.
25 mars 2020 C'est génial que la musique fasse danser mais c'est aussi son pire piège qui lui interdit parfois de sortir du corps.
17 mars 2020 Platon condamnait certaines musiques parce qu'il les jugeait indignes de l'homme, par exemple celle de Mick Jagger et Keith Richards... Vous suspectez cet exemple d'anachronisme ? Mais soyez certains que Platon l'aurait fait s'il avait pu !
15 mars 2020 les raps sont-ils, mornes et scandés, des prières modernes qui s'ignorent et se cherchent ?
13 mars 2020 Ils me disent "tu ne connais pas la musique". Alors je les écoute, je cherche à les comprendre et je crois que j'y parviens souvent. Car souvent j'apprécie ce qu'ils jouent. M'accordent-ils la même attention ?
5 mars 2020 Un musicien m'a dit un jour "quand est-ce que vous commencez ?" On jouait depuis vingt minutes... Pardonnez la comparaison prétentieuse mais on disait la même chose à Jimmy Hendrix. il y a 50 ans !
16 février 2020 Jusque dans quelle mesure la bipédie a-t-elle induit la rythmique de nos musiques, et nos états de transes ?
15 février 2020 Dhaffer Youssef : quelle voix ! A cet endroit précis, "Birds Requiem, Sweet Blashphemy" - 04:40), une note longue, tenue, aigüe, une fraction de seconde avant que le chanteur n'infléchisse sa voix vers le bas, j'ai le sentiment qu'on entend l'instant où il le décide. Comme s'il était possible d'entendre l'intention ; tout passe tellement dans la voix !
10 décembre 2019 Je n'en reviens toujours pas : comment Monk libère-t-il tant le blues ? Il caracole sur cette monture ! Comme il joue ! Que s'est-il passé dans cet esprit qui causait si peu, qui a supprimé l'inutile et cherché les bonnes impulsions ?
7 décembre 2019 J'ai réentendu "Le Grand Bleu", Eric Serra. Les sons d'époque ont mal vieilli, comme prévu : on disait alors que c'était une musique d'aquarium. Mais elle avait plu et à moi aussi. Je la comparais à cette époque avec une autre musique de film, vraiment aquatique, mais peut-être des eaux plus troubles ? Et pourtant, c'était "Birdy", de Peter Gabriel. Un chef d’œuvre qui n'a pas vieilli, et que j'écoute toujours.
26 novembre 2019 Il a dit : "Ah ! une nouvelle partition ; tu nous verras jouer avec plaisir !"
4 novembre 2019 Et, comme un enfant, écouter, faire des phrases simples, bâtir un discours.
24 octobre 2019 La musique, c'est souvent "oui mais..." et parfois "mais oui !"
22 octobre 2019 Un enfant n'attend pas de savoir parler pour s'exprimer. Pareil en musique !
19 octobre 2019 Si l'original peut être génial, pourquoi sa copie ne le peut-elle pas, si exacte et minutieuse quelle puisse être ? Parce qu'elle est une réplique.
18 octobre 2019 La trompette "ouverte" pour jouer doucement, avec la sourdine pour jouer fort... étrange, non ?
15 octobre 2019 En voiture, en avion, on va rapidement quelque part, merci la technologie qui démultiplie. A vélo, technologie tout de même, on va moins vite, mais quelle efficacité par rapport à la marche ! Enfin, à pied, on est dans l'essence du mouvement, peu importe sa lenteur.
Le souffle est cela pour l'instrument à vent, son essentiel. Sourdines, microphone et technologies ajoutent, augmentent et démultiplient, mais on ne peut pas multiplier à partir de zéro.
13 octobre 2019 Pourvu que la musique se joue de moi dès l'instant où je ne parviendrais pas à la jouer !
5 octobre 2019 Bien sûr, l'homme a fait de la musique avant d'être humain.
1 octobre 2019 Le musicien, comme tout être vivant, a besoin des autres.
1 octobre 2019 ... et la musique intérieure est parfois muette, ou bien je suis parfois sourd.
10 septembre 2019 L'accompagnement est pourtant ce terreau d'où peut germer l’inattendu, inentendu, qui pousse à l'improvisation. Les jardiniers parlent de plantes adventices et apprennent à les considérer.
9 septembre 2019 Plutôt qu'avec un accompagnement, c'est avec la musique intérieure que je devrais jouer. Parce que si l'accompagnement est accessoire, il est superflu.
6 septembre 2019 Écrire une histoire des musiques improvisées consisterait à écrire une histoire de toutes les musiques depuis leurs origines, jusqu'aux époques où elles se sont écrites. Un dernier chapitre raconterait les 3 ou 400 dernières années de résistance et de maquis.
1er septembre 2019 En impro, hier, Andrew au piano a proposé parmi d'autres une note, trois ou quatre fois répétée. Une note qui est apparu avec plein de promesses et se distinguait des tonalités du moment. Un peu comme un relief dans un paysage. J'ai tourné autour de cette note mais cela n'allait pas ; je l'ai joué deux ou trois fois sur ma trompette, mais cela n'allait toujours pas ! J'ai tourné encore, cherché à jongler avec "ça"... je n'ai pas trouvé, c'est resté mystère.
Il se passe des choses en improvisation.
28 août 2019 "cette œuvre m'a plu"... Moins passif et peut-être plus vrai : "elle s'est plu à moi" !
26 août 2019 la musique m'oblige à travailler la mémoire. Au moins la mémoire immédiate.
18 août 2019 à cause d'une époque et de lieux d'abondances, les artistes en font trop eux aussi : ils produisent mal. Le pire est lorsqu'ils confient aux autres l'art de trier.
17 août 2019 Ne soyons pas prétentieux avec le processus créatif ; un artiste n'est finalement qu'une éponge. Mais, j'espère, tout de même, peut-être, pas n'importe qu'elle éponge ?
2 août 2019 Là !
Lorsqu'ils manquent d'imagination, les tonalités, bips et autres sonneries font des La.
Et voilà...
10 juillet 2019 L'industrie de la musique est toxique. Universal Music a rejoué en 2008 (et caché au public) la catastrophe de la bibliothèque d'Alexandrie avec l'incendie d'un entrepôt : "Decca Records aurait ainsi perdu tout ou partie des enregistrements de Louis Armstrong, Duke Ellington, Bing Crosby, Ella Fitzgerald ou encore Judy Garland. Idem pour les chansons de Chuck Berry chez Chess Records, l'intégralité de Buddy Holly ou les morceaux de John Coltrane chez Impulse. Mais sont aussi concernés Captain Beefheart, Iggy Pop, R.E.M, Queen Latifah, Sonic Youth, Nirvana, Eminem ou encore 50 Cent." c.f. Libé.
2 juillet 2019 Remplacer les automatismes par du silence. L'oreille saura bien faire ce qu'elle voudra de ce vide. Voire le laisser vacant.
18 juin 2019 C'est fou comme on a pu se mettre dans l'oreille et par deux fois à chaque octave des demi-tons qui sont comme des faux pas !
7 juin 2019 Musicien, comme l'amant angoissé, toujours ignorant et tout nu !
Et seul avec le désir et la peur et le son.
1er juin 2019 Un musicien pense à la note suivante et ça s'entend ! Il n'est pas présent à sa note présente. Son corps se prépare et joue déjà l'après.
28 mai 2019 Une musique non préparée, ne naît pas de rien.
Elle est le travail quotidien d'un instrument, elle est le travail quotidien de la musique, le travail quotidien de l'art, travail constant de cette culture humaine, constant de l'art d'être vivant chaque jour, de l'art d'hériter de trois milliards d'années, l'art de transmettre, peut-être, trois milliards d'années encore ?
Quel travail de longue haleine !
21 mai 2019 Si le bonheur n'est qu'une chimie passagère, autant le chercher en musique, si passagère elle aussi.
12 mai 2019 Comment faire pour retrouver l'envie de manquer ?
La satiété (de consommation) me laisse assis-repu et sans désir. Tout désir est assouvi avant même d'advenir. Merci l'infobésité.
Ado, j'attendais le prochain disque, j'allais chercher à Paris les musiques qui ne descendaient jamais en province. Aujourd'hui elles sont au bout de mon doigt sur mon écran "putaclic"... et je les prends avec cette sensation nauséeuse de celui qui se rend au repas du nouvel an à peine sorti de celui de Noël.
Pourtant l'outil est formidable et je ne m'en séparerai pour rien au monde.
Je dois donc élaborer une diététique de l'information.
27 avril 2019 On encourage l'enfant qui s'exprime déjà avec peu de mots et de grammaire, idem pour le musicien.
18 avril 2019 Ma musique est devenue un espace de liberté mal foutue, où j'évolue quand même, et quand même de moins en moins contraint.
28 mars 2019 J'envie le guitariste qui lâche sa note et peut la regarder s'en aller toute seule, et le pianiste qui retient juste l'étouffoir. Moi, ma note, je dois la souffler jusqu'au bout, et si je n'y crois plus, elle s'effondre aussitôt.
25 mars 2019 J'écoute depuis 30 ans des disques qui restent vivants. Pourtant des concerts bien "live" sont tout à fait morts.
24 mars 2019 On a écrit d'abord des listes comptables et des titres de propriétés, et des décrets de rois et des lois. Puis des contes et des poèmes, et puis même le plus fugace, le plus immatériel : la musique.
19 mars 2019 J'adore ces musiques live mais un peu mortes. Mille fois répétées, elles deviennent éternelles.
15 mars 2019 La différence entre l'air à respirer et l'air en vibration et à respirer c'est le son la musique.
4 mars 2019 - Tu viens jouer (de la musique) ?
- J'peux pas, j'ai répète...
28 février 2019 Le courage émet un son. L'inverse est tout en silence, et dans un genre léger léger ça peut être très beau.
26 février 2019 L'improvisation se préoccupe de l'action plus que de ce qu'elle produit. C'est tout à fait défendable avec cette comparaison : on ne demande pas à un jogger "où il va" parce qu'on sait très bien qu'il veut juste courir.
25 février 2019 Les grecs distinguaient l'action (praxis) du résultat que l'action produisait (poïésis). Sans élever ou rabaisser l'un ou l'autre, dans le présent du son, peu importe la touche REC.
24 février 2019 de la même manière que l'écriture de la musique a figé l'improvisation de la musique, la touche REC est potentiellement dangereuse.
22 février 2019 Quand on fait répéter dans une discussion, c'est qu'il y a problème. En musique, c'est un des fondamentaux ! Étrange...
16 février 2019 J'écoute Electric Ladyland... Comme j'aurais aimé entendre une rencontre Jimi Hendrix - Miles Davis !
31 janvier 2019 Je vois autant de différences entre la musique et son apprentissage qu'entre l'amour et l'éducation sexuelle.
29 janvier 2019 Le cœur ne s'ouvre pas à froid comme on peut le faire avec une partition.
7 janvier 2019 Pourquoi la trompette a-t'elle quelques fois ce timbre... de cheval effrayé par l'orage ? Un tableau de Delacroix.
30 décembre 2018 Toujours l'instrument est jaloux des autres instruments qui n'ont pas les mêmes exigences.
26 décembre 2018 Quelques fois, au milieu d'un phrasé de notes, je rote. Et le phrasé continue, imperturbable.
23 décembre 2018 S'éduquer l'oreille à l'étrangeté, lutter contre l'ennui, contre cette vieille nausée du chemin de l'école.
22 décembre 2018 Habitué à des accords étranges, me suis-je "vicié" ou éduqué ?
21 décembre 2018 Habitué à des accordages approximatifs, suis-je grossier ou tolérant ?
20 décembre 2018 Des harmonies rendues si simples qu'elles n'encuriosent plus...
13 décembre 2018 Si la pratique de la musique offrait de l'entendement, cela se saurait.
7 décembre 2018 Maman préfère la peinture, ça ne fait pas de bruit. Selon Socrate, les oreilles n'ont pas de paupières. Et l'autre affirme qu'elles sont l'organe de la peur...
Dur dur pour la musique.
28 novembre 2018 Rhume, fièvre. Je suis avec ma trompette comme le cycliste au bas de la côte et qui ne peut pas.
25 novembre 2018 Des harmonies si pauvres et attendues qu'elles donnent la nausée comme faisait le chemin de l'école.
23 novembre 2018 Et ceux qui écrivent la musique mais refusent d'en parler...
16 novembre 2018 Lu dans le programme d'un festival prudent : "adepte de l'improvisation". Adepte ? Le sens initié-mystique m'ennuie un peu, je préfère le sens "qui a acquis", "qui a appris"... ce travail de recherche qui permet de nourrir l'improvisation.
7 novembre 2018 Je veux, je dois, travailler le silence. Courage !
31 octobre 2018 certains de mes "accidents" sont devenus vocabulaire, mais d'autres restent imprononçables ; grammaire en cours...
22 octobre 2018 Apprécier la granulométrie d'une note, son humidité, sa température, et même sa viscosité. Son poids, non.
17 octobre 2018 Je peux pérenniser des inharmonies, sans les répéter, sans les décliner, en laissant simplement l'oreille les accepter, puis les digérer, par exemple à l'aide d'une note tenue.
13 octobre 2018 il manque, j'en suis sûr, un demi ou un quart de ton caché quelque part ! J'ai cherché, tourné autour. Pas trouvé...
6 octobre 2018 des activités humaines ne laissent aucun doute quant à leur bienveillance : la musique, par exemple, vous veut du bien.
4 octobre 2018 un même air mille fois écouté peut rester inouï !
1er octobre 2018 Je sens bien, lorsque je suis à l'orée du bois que, soit un loup en sortira soit un petit chaperon y entrera. Question de point de vue. Quoi qu'il en soit, toutes les lisières sont des frontières et sont tentantes : qu'y a-t'il derrière ?
30 septembre 2018 Même la mémoire risque de faire partition !
29 septembre 2018 Entendu de l'orgue, des exercices. Le son est sinusoïde, donc les mariages de fréquences sont très excitants. Cela aussi à peut-être invité l'organiste à continuer d'improviser ?
23 septembre 2018 soufflé dans un melodica : la possibilité multitimbrale oblige à travailler des harmonies, des logiques, des symétries, des trucs qui font kiffer le cerveau (et rien ne prouve que ce soit du beau), bref, des jeux entre les notes. Agilité de l'esprit obligatoire. Mais invitation à abandonner l'essentiel ?
19 septembre 2018 j'ai du mal avec la chanson, surtout avec ses attirails qui sont musique détournée. Pourtant, la chanson, française en tout cas, est très riche en musiques et en métissages de musiques.
25 août 2018 On est bien plus tolérant avec le bruit des loisirs motorisés qu'avec celui de la musique. Nous n'avons pourtant un moteur prothétique au cerveau que depuis un demi-siècle ou un siècle. Nous avons pourtant la musique depuis avant l'aube de notre humanité.
12 août 2018 mon désir de musique est comme celui de l'enfant pour le jeu : c'est important, sérieux. Le divertissement, lui, permet surtout d'éviter l'ennui.
2 août 2018 Le blues a quelque chose de peinard qui me tente de plus en plus.
18 juillet 2018 Apprendre un instrument, c'est instrumenter la musique. On dit que les musiciens sont des chanteurs qui n'ont pas osé.
5 juillet 2018 L'horreur : "... et les peuplades sans musique / bien sûr, tout ce manque de tendre..." (voir un ami pleurer - Brel)
3 juillet 2018 Musique aux oreilles, à jouer ou à écouter, chaque jour et tous les jours.
Un jour sans musique est aride, comme stérile.
1er juillet 2018 Enfant, l'hippocampe me fascinait ; le petit cheval de mer. Pourtant, je ne savais rien de cet animal étrange sinon que le père couvait ses oeufs dans son ventre. Aujourd'hui, j'apprends que la partie de notre cerveau nommée l'hippocampe - à cause de sa forme - a quelque chose à voir avec la mémoire... et avec la musique.
22 juin 2018 Deux notes ne s'additionnent jamais sauf si elles sont parfaitement identiques en fréquence. Rare. Les notes ont inventé la multiplication. La division aussi et toujours avec un reste inouï. Et la parabole et l'hyperbole et la tangente et l'exponentielle, infini.
8 juin 2018 une trompette ne joue jamais par inadvertance. Une guitare peut faire du son, voire de la musique, sans demander son avis au guitariste. Une trompette qui jouerait à ça épuiserait vite son trompettiste.
2 juin 2018 Musiques modernes. Assumer notre barbarie.
5 mai 2018 Je me dis que tout est dit avec les mots. C'est pourquoi je dis : musique.
2 mai 2018 On dit qu'une histoire doit avoir un début, une dramaturgie, puis une fin, mieux : une chute ! Mais qu'en est-il de notre propre histoire, à chacun ? On ne se souvient pas du début et on ne connait pas encore la fin. Quant à la dramaturgie, excusez-moi... Ainsi en musique, et vive l'impro.
15 avril 2018 "Légèrement crâmé". Presque un oxymore, mais qui pourrait être un guide de nos vies, et de nos faits, pour les réinventer toujours, pour saisir les à peu près, les erreurs et les accidents.
1er avril 2018 Dino saluzzi, bandonéon. Un parfait exemple qui dit énormément avec très peu. Qualité rare avec ce type d'instrument !
24 mars 2018 On m'a trop baigné de bach et d'académisme. Comment échapper à cette logique mathématique, hégémonique, qui me réclame l'équilibre ? Comment jouer chanson comme Chet Baker ? Le coeur contre le cerveau ?
12 mars 2018 C'est souvent à la toute fin des morceaux que les musiciens s'écoutent le mieux, se regardent et se questionnent, jouent vraiment ensemble. Dans la queue l'imprévu !
10 mars 2018 Les musiciens l'expliquent bien, dans leurs lois de l'harmonie, une note tire sur l'élastique et cela créé une tension. Que l'on va résoudre à l'aide d'autres notes pour recréer l'équilibre. Mon oreille le comprend, et instinctivement, je parviens à le faire. Quelques fois.
Mais, entre tensions et résolution, nous voilà encore une fois piégés dans un système. Pour (s')en jouer mieux, il est certainement possible d'accumuler des tensions, au long des mesures, tensions qui deviendront la règle, et il ne restera plus qu'à résoudre la toute première harmonie.
Si l'on veut avoir une bonne note.
9 mars 2018 Pratiquer avec foi une musique profane !
7 mars 2018 Incapable de mémoriser un thème et ses mesures, j'improvise à la manière d'une logique fractale. Peu de choses, des équations instinctives, me donnent le La, puis le La La La, et je dessine des structures. Le mot "fractal" dit bien ce reboutement de mémoire fractionnée, et aussi cette interdiction que le cœur fait au cerveau de redire le même "j'aime" à chaque fois. Oui, "je t'aime" doit être réinventé toujours, et pourtant avec le même mot.
5 mars 2018 vous connaissez cette réplique ? "Rien de personnel !" Il y a des artistes, c'est exactement ça.
3 mars 2018 Ils trépignent, l'enjeu est vital, mortel, pourtant, ce ne sont que des sons.
2 mars 2018 Si je ne crois pas à une note, elle refusera de sortir. Tant pis, je l'entends tout de même dans ma tête. Et s'il y a quelqu'un pour écouter, qu'il fasse de même.
27 février 2018 impro : la prochaine note est comme le prochain pas, tout va bien, on sait presque sans regarder où on va poser le pied parce qu'on s'adapte aux chemins à peu près connus. Mais, hors des sentiers battus, toute l'attention est nécessaire, et il faut une bonne agilité. Un faux pas n'est pas grave, mais faut pas tomber !
23 février 2018 l'IRCAM s'arrange toujours, en vidéo, en photo, ou sur scène, pour montrer cette fichue pomme blanche et lumineuse... des accointances avec Apple ?
19 février 2018 les bons trompettistes ont-ils tété tard ? ou au contraire pas assez ?
16 février 2018 ceci n'est pas une pub, mais une belle surprise, que je voulais partager avec vous depuis deux ou trois mois.
J'étais amoureux d'une trompette Zeff 901, la fameuse... mais lui ai fait des infidélités, pour les besoins du voyage, avec une merde de poche (mais pas injouable pas du tout !), achetée 80 balles et vite revendue 50. J'avais vu en ligne quelques instruments, et j'ai voulu essayer de nouveau ; il devait bien exister des trompettes de poche "jouables", puisque Bach lui-même propose un modèle... Mais la plus petite, la plus transportable, était une "mini pocket trumpet", de la marque Carol Brass, dont on me disait je ne sais plus où qu'elle avait progressé.
Quelle surprise ! Au premier essai, un son pas étriqué du tout malgré le petit pavillon ; bien sûr, moins velouté, moins doux que ne peut le faire la Zeff, comme si le métal, aussi enroulé, ne pouvait pas déployer toute sa résonance... Par contre, avec un peu de pêche, le son devient brillant, et c'est un plaisir, occasionnellement, surtout avec la sourdine façon Miles.
Et puis, CLAC, l'anneau de pouce, sur la tirette du troisième piston, se casse, après même pas une heure d'essai ! Soudure mal faite, ça promet ! Rien à signaler depuis. Oh, je vois bien que les pistons font du noir, plus que la Zeff ; je ne sais pas comment elle vieillira. Et aussi, comme il fait froid, elle fait de l'eau, beaucoup, et cette condensation est un peu difficile à sortir puisque la trompette est toute tire-bouchonnée. Et enfin, elle m'a paru fausse au début, la première note à vide juste avant ou après le Do (le sib, hein ?!), trop basse, et ça me choquait. A cause de ça j'ai songé à la renvoyer aussitôt. Mais j'ai vite compensé par réflexe, ou bien m'y suis habitué, et depuis, c'est bon. Êtes-vous d'accord que la justesse des notes n'est pas si importante, c'est d'ailleurs ce qui fait le charme de cet instrument et de beaucoup d'autres, pourvu que l'intention y soit...
J'ai retrouvé, surtout, une facilité de jeu que je n'espérais plus ! Les aigus qui m'étaient interdits depuis longtemps, quel plaisir ! Je suis d'autant plus surpris que je m'attendais à un son plus difficile à installer, avec toutes ces circonvolutions et ces angles étranges et forcés qui devraient opposer une plus forte résistance. J'ai gardé l'embouchure de la Zeff, standard (7 1/2C ?), complètement désargentée. Donc, la différence est bien l'instrument.
Encore un détail : comme le métal est plus enroulé, moins résonnant, le microphone, pincé au pavillon, ne récupère plus les bruits graves venant des pistons, bruits que je devais atténuer avec une égalisation lors de la prise de son.
Vraiment une belle surprise, quoique de poche, et très inattendue, comme sont les belles surprises !
14 février 2018 je ne sais toujours pas dire ce qui fait de la musique un tel art de l'échange.
Dialectique, là où d'autres pratiques comme l'écriture ou les arts plastiques sont plus personnels. Est-ce le temps différé d'exposition des seconds par rapport au "live" de la première ? Pas sûr... Est-ce la matière plus abstraite de la nature des sons que le fil d'un récit ou que la surface à peindre ? Sans doute pas... On peut imaginer les mêmes communions et connivences, les mêmes oppositions, les mêmes luttes, même si on n'a pas coutume d'écrire ou de dessiner à plusieurs ; la même œuvre !
Il y a dans l'échange musical une ouverture à la reformulation qui l'apparente au dialogue du langage parlé. Discuter de choses abstraites, de sentiments, permet de nourrir les idées. Même des faits peuvent être interprétés, il suffit d'écouter les divergences de témoignages.
La musique comme pratique artistique autant que langagière ?
5 février 2018 injonction : "pour souffler bien, soufflez fort !" Sauf qu'un instrument à vent n'est pas un éthylotest. Un peu de douceur, s'il vous plaît, demanda le gendarme.
1 février 2018 On les voit quelques fois agrippés aux mesures et suant la partition, la langue pincée de côté entre les dents, sourcil concentré. C'est le bonheur du gymnaste.
27 janvier 2018 J'aimerais tant les entendre puis les écouter, comme en fin nuit, épuisés, presque ailleurs, mais qui ne voudraient pas quitter leurs instruments. Des propositions seraient saisies, des échanges naîtraient, il y aurait du jeu, des biais, des frottements, mais du jeu.
25 janvier 2018 Comme on dit de vieux amis, "ils n'ont pas besoin de parler pour se comprendre", la musique pourrait se passer de codes, l'un sachant l'autre si bien qu'ils échangeraient sans conventions. Ou bien, ils ne joueraient plus parce qu'ils n'auraient plus rien à se dire ?
24 janvier 2018 C'est vrai, l'aventure humaine semble plutôt être une aventure technique que spirituelle ou morale, mais je ne comprends pas... cette technique porte quoi ? c'est tellement plus beau, un dieu nu !
24 janvier 2018 la musique n'appartient pas à ses techniciens. Aucun art ne doit être mis en danger par ses spécialistes. Les experts invalident obligatoirement ce qu'ils ignorent et condamnent ce qui contredit leurs savoirs.
23 janvier 2018 Et ces techniciens qui maîtrisent leurs outils fabuleux, pourquoi décollent-ils si rarement ?
22 janvier 2018 Des musiques assument leur extrême simplicité et s'ouvrent du coup vers d'autres possibles. Tandis que d'autres, assez techniques sans être grandes savantes, préoccupent les musiciens qui les exécutent. Mais elles tuent... le temps, le désir, l'émerveillement !
21 janvier 2018 Je commence a saturer du jazz historique. Envie du bruissement d'aile de papillon et tout à la fois de marteau-piqueur !
19 janvier 2018 le musicien orthodoxe mais tolérant dit que la "note fausse" introduit une "tension". Une improvisation menée principalement par ce type de tensions renverse le jeu et fait de la norme, respectée ponctuellement, la nouvelle tension.
18 janvier 2018 Comme Jacques Ellul explique qu'un outil non nécessaire devient indispensable à l'usage, un code, en musique, devient la norme. Donc obligatoire. Il éloigne alors la musique de son désir premier qui rapproche les hommes, puisqu'il interpose du code, de l'artifice, une règle, du convenu, etc.
16 janvier 2018 Free n'est pas forcément chaotique ! En tout cas, pas obligatoirement bordélique, bruyant, agonistique ou violent. Le free, c'est à mon sens, avant tout, l'écoute de l'autre. De l'attention, de la bienveillance et du "jeu". La soupe primordiale, le chaos primal avant le premier grumeau, était j'en suis sûr un modèle de douceur, de sérénité, de bain doux. Voire de silence.
13 janvier 2018 c'est un classique : j'explique que je suis incapable d'apprendre quoi que ce soit, et ce depuis 55 ans (et aussitôt, on entreprend de me l'expliquer pour la énième fois). Ainsi pour les tables de multiplication, la poésie... pour tout enseignement ; et bien sûr pour la musique !
C'est un complexe terrible. Je sais apprendre pourtant, même très vite et très bien, mais je n'assimile qu'en comprenant. C'est tout ce que je sais faire, au-delà de l'instinct. Instinct - mimétisme - compréhension. J'ai bon instinct si je lui laisse la bride - j'ai mauvais mimétisme quoi que je fasse - j'ai bonne compréhension.
La musique m'apporte sur le tard sa lumière sur cette question : elle est percluse de codes mais elle est restée autant sauvage que savante malgré eux ; elle offre donc ces trois portes à ceux qui veulent les ouvrir.
11 janvier 2018 Juger c'est apprécier ! Il faut être franc, dire "j'aime", "j'aime pas" et dire parce que - pourquoi. Être intolérant avec l'art c'est le préserver de devenir un art bourgeois, un consommable. Et c'est le meilleur service rendu à un artiste que de lui dire notre ressenti vrai ; justement parce qu'il est très fragile : il se met à nu et manipule des explosifs qu'il balance à un public aux bras tendus.
10 janvier 2018 le La est si proche du Do que ça en fout les foies.
9 janvier 2018 certains musiciens jouent en phrasés, tellement qu'on entendrait sujet, verbe, complément. Comme si la musique leur était venue, conséquence de la langue. Je voudrais qu'elle précède le parler, toutes les langues. La musique est un avant Babel.
6 janvier 2018 ça ne me gêne pas, un qui tousse, une fois ou deux. Mais si c'est chronique, et s'il n'a pas l'initiative de sortir, on finit par attendre la prochaine quinte, et dès lors, impossible de se concentrer sur le reste.
22 décembre 2017 La musique est le pire dans le dernier Star Wars. J'espère que les cuivres sont produits par du logiciel ; aucun musicien ne survivrait à la partition de John Williams. Les quelques belles secondes du film sont les seules... de silence absolu (et d'images arrêtées).
16 décembre 2017 Les commentateurs de Miles Davis, admirateurs ou contempteurs, citent souvent les genres musicaux qu'il a traversé : be-bop, cool, hard bop, modal... et oublient les noms suivants qui n'étaient plus si jazz. Oh merde, il était funk, il était rap ! Il aurait kiffé le dub ! Aujourd'hui, il serait électro, il ferait un disque avec Skrillex...
13 décembre 2017 un article écrit pour Revue & Corrigée en septembre 2014, à propos d'Uzeste Musical (Cie Bernard Lubat) filmée entre 2004 et 2010. Ou l'art de monter sans montrer, de filmer l'instant sans le mettre en conserve...
9 décembre 2017 le trac met la créativité en ébullition. C'est un état très inconfortable qu'il faut provoquer. Qui sait s'il ne pourrait devenir un grand plaisir, une drogue ? Parce que le cerveau se retrouve baigné d'une puissante lumière blanche. Il faudrait faire à ces moment-là comme celui qui note ses rêves.
18 novembre 2017 "qui peut le plus peut le moins", disait le saxo-fort à la trompette qui ne voulait pas suivre. Sauf que le saxo est bulldozer ; il a beau prétendre être toujours capable de contempler la paquerette, la plupart du temps, il ne le fait pas. Puis, il ne le fait plus. Puis il ne sait plus qu'il pouvait le faire. Et enfin, il ne sait plus le faire. Et la paquerette n'existe pas dans le monde des bulldozers.
16 novembre 2017 il est des petits airs, des airs de rien, des airs d'enfants, des airs un peu cons, mais qu'on se trimballe toute la vie, et jusque vieux ! ils sont faits de petits bouts, mélanges de chansonette, de swing, de cabaret, de grandiloquence classique, de circassien et d'afro-tribal. le tout sans aucun jugement ni conscience. ce sont des archétypes personnels qu'on aime, auxquels on tient, parce qu'on n'y peut rien, comme gravés sur les parois intérieures du crâne.
2 novembre 2017 Tant de notes, toutes ces notes, trop de notes ! J'aimerais jouer comme un ciel sans nuage.
30 octobre 2017 la beauté d'une fleur est bien sûr aussi dans sa fragilité, dans la certitude que demain elle sera fanée. La photographie de cette fleur "conserve" objectivement toute sa beauté, pourtant, avouons qu'elle ne nous émeut plus autant. Idem pour l'impro et son enregistrement.
26 octobre 2017 Dans l'éventail des désirs aux besoins de l'humanité, de l'inexpliqué à l'expliqué, les mystiques s'occupent de l'un et les sciences de l'autre. Au gré des époques, le seuil se déplace généralement du premier au second. L'art se promène de l'un à l'autre à l'envi. C'est une de ses fonctions et sa prérogative.
21 octobre 2017 "as-tu entendu ? Dans mon impro, j'ai fait trois citations : bla bla blablabla..." Est-ce toi qui joue ? Écris-tu une disserte dans laquelle il est de bon ton de faire des références, de montrer que tu sais, pire : que "nous" savons ? La plus belle citation serait si bien digérée, tellement devenue tienne, que je ne pourrais pas la repérer et croirais écouter un nouveau discours.
18 octobre 2017 Finalement, le jazz est une musique à danser, folk et trad autant que les autres. Mais elle se danse le cul sur une chaise, derrière un verre d'alcool.
16 octobre 2017 Il faut un moment au soliste pour s'éloigner du thème, preuve que le standard tue. Le soliste s'éloigne du thème, preuve que le standard tue. Quelque soit le thème, le solo ressemble à son soliste, preuve que le standard tue. Autant de cas pour un seul, rare, où l'excellent soliste jongle avec le thème, discute avec lui, le nourrit et s'en nourrit, c'est l'exception.
13 octobre 2017 Plaire au public ? C'est le choix de TF1, c'est donner du sucre aux enfants, etc.
10 octobre 2017 je disais que le résultat de ce qui est donné à entendre importait moins que jouer la musique, puisque jouer c'est "jouer". "Mais moi, je me soucie du public et de ce qu'il aime...", répondit-il. Je n'ai jamais dit que je ne me souciais pas du public ! Au contraire, avec ce sacré souci de plaire, nous en serions restés à grogner - académiques, esthétiques - dans la caverne.
4 octobre 2017 j'entends Bach comme un prototype de Mozart, que j'écoute. Le second a parfait le premier. Si ! Il a donné une âme et de la vie aux mathématiques.
2 octobre 2017 mets le doigt sur REC, mec ! Quelques fois, l'impro est si jubilatoire...
16 septembre 2017 en voyage... sans trompette. Je sifflerai. J'emporte au moins l'embouchure. Et l'amour pour ma muse, et l'amour de ma muse.
22 août 2017 A l'époque où je faisais de la sculpture sonore, j'écrivais des histoires, j'essayais de les raconter ; parfois elles se racontaient toutes seules et m'emportaient, des tensions apparaissaient et s'orchestraient. C'était passionnant ! Sinon, j'effaçais. Souvent, au centre de l'acousmonium, je me demande si "random" ne se sent pas un peu seul et l'esprit ailleurs.
14 août 2017 Tu ne ressens jamais ça ? Gros doute : même le jazz le plus présentable te déçoit dans toute son horreur attendue et tous ses clichés entendus mille fois. A ces moments-là, il faudrait savoir se contenter de silence, fermer boutique, pour ne pas abîmer l'art des autres.
12 août 2017 dans un cadre déterminé (blues, funk, jazz bien tonal), j'en suis à compter sur la rythmique pour m'aider à sortir de l'ornière. C'est à dire que je n'ai pas les ressources nécessaires pour m'exprimer plus d'une minute dans le tempérament imposé ; je vais chercher du secours du côté de ce qui n'a plus à voir avec la note. Dans des musiques plus libres, le rythme vient au contraire se proposer au jeu, comme de son propre gré. Je préfère.
2 août 2017 il y a une telle sensualité en musique que si elle n'existait pas, je chercherais ailleurs, je serais gastronome boulimique ou proxénète obsédé sexuel.
24 juillet 2017 La répétition est un des principes qui identifie la musique et c'est aussi ce qui la tue.
18 juillet 2017 en rhétorique, lâcher une bonne vieille grossièreté entre des termes choisis et plus subtils est du plus bel effet ; pourquoi pas en musique ? Il m'arrive, au milieu de notes douces et berçantes, de porter la bouche de côté et de rôter. Oui. Et reprendre la mélopée là où je l'avais laissée.
9 juillet 2017 Toujours compter sur le ventre, le diaphragme et le thorax pour un bon souffle, même doux, même très doux. Les lèvres sont plus appropriées aux baisers qu'à lutter à travers l'embouchure.
6 juillet 2017 Pierre Henry, qui est mort aujourd'hui, disait il y a 70 ans que la musique n'avais pas encore osé se détruire elle-même pour renaître ensuite, comme devrait faire tout ce qui vit.
3 juillet 2017 Tais-toi et joue. D'accord, mais le dire, essayer de le dire ; il y a tant de choses à dire que je ne sais pas dire en musique.
24 juin 2017 Aux saturations et aux larsens, je me suis vu la patronne répondre, par l'entremise d'un musicien que l'anecdote faisait bien marrer, qu'elle craignait que les vieux s'en aillent.
16 juin 2017 Fripp, Travis... de l'ambient années 70 mais en 2012, à la façon Fripp-Eno-Hassel-etc., mais bien moins inspiré qu'ils ne l'étaient à l'époque. Hormis une clarinette un peu originale, les flûtes suivent le (non-)mouvement, et justement, le disque est titré "Follow".
16 juin 2017 Sonneries de téléphone à télécharger?. Trompette "mutée", un son caractéristique, très audible même dans la poche, il se prête donc au jeu : improvisations spontanées, sans répétition, ni reprise ni correction, avec les défauts du direct.
11 juin 2017 Je n'ai aucune mystique du son, uniquement du sensible ; je pense aux bols tibétains et autres gongs. J'ai toujours sculpté le son, taillé dedans, l'ai raboté pour en extraire la fréquence pure, ou sommé et multiplié vers des sons inouïs. Ça a toujours été une démarche sensuelle, jamais intelligente, encore moins croyante.
6 juin 2017 Il suffit quelques fois d'un prétexte pour ouvrir ou retrouver des voies d'exploration musicale. L'autre jour, une "sieste musicale", l'occasion de quitter un peu le swing du jazz ou le binaire de l'electro, pour retrouver les textures du son, la matière "à toucher", les timbres, le souffle. Et la grande difficulté de tenir un son ténu ; ici, Chet Baker était un grand maître.
28 mai 2017 Si la musique est partage, celui-là n'est pas musicien qui aligne ses notes, toutes écrites et fonctionnelles, sans même vouloir essayer d'écouter les autres.
22 mai 2017 Avant la naissance, les sons font l'interface avec le monde extérieur, au-delà du ventre de la mère. Ils sont le messager direct, mais étouffés, feutrés, ils sont, derrière les bruits intestins, le premier lien avec les autres. Est-ce pour cela que la musique fait musique ?
18 mai 2017 Le jongleur fait parfois tomber une balle ; ça fait partie du jeu. Tandis que le funambule, on ne le lui souhaite pas, quoique... le public a quelques fois des désirs troubles. En musique improvisée, la balle qui tombe est un accident heureux.
13 mai 2017 Parfois le son ne naît pas ou il meurt et c'est comme souffler dans un trou mal troué comme s'il y avait une miette comme un noyau d'olive. Chié !
10 mai 2017 Un copain théoriste du complot me disait hier que des chercheurs produiraient dans les musiques modernes électro des sons spécifiques destinés à plaire aux oreilles. L'artiste a toujours exploré le dégoût, mais peut-on suspecter le cuisinier de chercher des saveurs appétissantes ?
2 mai 2017 Quelqu'un m'a dit l'autre jour, d'un air entendu et rigolard, qu'il n'était pas fou, pas question de s'époumoner dans une trompette ! Je ne sais pas s'il pratiquait un autre instrument à vent, ou s'il était musicien. Et je ne sais pas s'il savait que j'essaye d'être... fou.
1 mai 2017 Epicure à fond, ce serait déclarer le bonheur sans le désir ? Sans musique. Sans désir de musique ?
29 avril 2017 J'aime. Parce que j'aime, mon son en sera-t'il différent ?
26 avril 2017 Jacques Roumain dit que le silence est le sommeil du bruit. Le silence bercé par Délira qui chante sans mots, à bouche fermée... à la façon des négresses (Le gouverneur de la rosée).
20 avril 2017 "Toutes choses étaient confondues ; vint ensuite l'esprit, qui mit l'ordre dans l'univers" (Anaxagore). Ainsi du Balzac que Rodin a voulu à peine sorti du bloc énorme et informe. Mais il y était déjà tout entier, en puissance. Ainsi de l'improvisation, lorsqu'elle commence en bruit, en matière brute, avant de s'extraire. Mieux : elle ne naît pas toute habillée toute armée, elle reste potentielle, non plus informe mais juste informée. Et in-finie, une proposition aux oreilles.
15 avril 2017 Certains matins, les bruits sont bruyants. "Pimpon pimpon" crie l'enfant ; et il fait tomber le camion de pompier en métal et plastique sur le carrelage.
11 avril 2017 Beaucoup d'arts procèdent par répétition et symétrie, accumulation et déclinaison. Surtout en arts abstraits donc en musique. On peut y distinguer une influence de la civilisation de consommation de ce qui plaît "naturellement" au cerveau : ce premier étonnement du nombre des grains de sable sur la plage, de l'accumulation immense des étoiles à l'approche de la Voie Lactée.
10 avril 2017 Le jazz classique fabrique des stars comme les musiques plus industrielles : des solistes devant les autres. Les autres sont souvent tâcherons, façonniers. Des "jazz" plus récents proposent réellement des jeux mutuels, où c'est l'ensemble produit qu'on écoute, plus que le solo, plus que l'expression individuelle.
7 avril 2017 Le trac est un truc étrange. Outre qu'il révèle une sorte d'orgueil, il me fera rester prudent donc sans génie. Alors que tout le plaisir est dans le risque, surtout si "ça" fonctionne ; lorsque je ne me prends pas les pieds dans le tapis. Et si je tombe, l'enjeu n'est pas si grand !
4 avril 2017 Ikutaro Kakehashi, fondateur de Roland, est mort. Boîtes à rythmes TR-808, norme Midi, synthé D-50... Ne pas négliger l'influence des ingénieurs sur le son, l'influence des technologies humaines sur les cultures.
2 avril 2017 Chaque année, fin mars, le coucou vient et propose ses deux notes. Deux. Simples, toujours les mêmes et avec beaucoup de silences. Deux notes, répétées, qui annoncent le printemps et qui invitent à jouer avec lui, sur ces deux tons et sur l'écoute de l'autre, sur la place laissée à l'autre. Il est très fort, le coucou.
30 mars 2017 Il faut se ménager des moments de silence, vides, en roue libre, profiter d'un rendez-vous en retard ou être soi-même en avance, flâner. Parce que c'est là que le cerveau cherche et créé. Il a peur du vain, du vide (l'informaticien connaît les NOP*). Je ne suis pas loin de croire que l'art est un renversement positif de la volonté toujours progressiste, sans doute pathologique, de l'homme. Je ne suis pas sûr...
* NOP (No Operation), une instruction qui commande l'action de ne rien faire ; parce que la machine ne sait pas "faire rien"... farniente.
6 mars 2017 J'écoute Chris Réa, "Hofner Blue Notes". Il ne chante plus, la guitare, amplifiée, n'est presque plus électrique, la basse devenue acoustique, le batteur a pris des ballets. Le piano est quand même de trop qui "habille" les compositions en costard. Tout est ralenti, Réa est vieux, il assume. Sa grande passion "blues" qui lui dure depuis 40 ans est une petite passion, elle parait une passion simple, sobre, à notre mesure. Du coup, les grands passionnés me semblent vaniteux.
1er mars 2017 Killer Joe, Benny Golson ; un très bel exemple de thème simplissime et laissant les portes grandes grandes ouvertes. À la douceur ou pas, au rythme ou pas, au free ou à quelque chose de très reconnaissable. De toutes les versions qu'on peut écouter, il manquera toujours celle qu'on veut faire !
25 février 2017 il y a dix ans je pétais mieux que je ne « buzzais » mais je ne me suis pas découragé. C'est la seconde difficulté en trompette. La première est, justement, de ne pas péter.
21 février 2017 Toujours, constamment, lorsqu'on parle d'improvisation, on se retrouve à se justifier. Et plus souvent auprès des musiciens patentés que des auditeurs. Ces derniers font plus confiance et croient en la magie ; ce qui est une qualité pour apprécier un art. Au moment de prendre la parole pour exprimer une idée, les phrases sont-elles déjà toutes écrites ?
6 février 2017 Jouer un standard, ou seulement dans une tonalité donnée, me mets dans la situation de l'enfant tenté de faire une bêtise, de faire ce qui est interdit. Et, c'est obligatoire, la pente est trop savonneuse, le doigt dans la prise, l'erreur s'impose : "j'ai pas pu m'en empêcher !"
29 janvier 2017 3 notes et il filait derrière les autres, Miles Davis était un branleur. On ne dit pas cela aujourd'hui parce qu'on l'a érigé en un dieu. Au pire, les "parfaits" de la technique osent supposer qu'il avait un défaut de placement des lèvres sur l'embouchure.
Miles Davis est un génie parce qu'il a su faire simple, un génie parce qu'il a su entendre et proposer des musiques nouvelles, et un génie parce qu'il a su se renouveler avec elles. Mais Miles Davis est un génie surtout parce qu'il a su faire avec ce possible défaut et avec ses "à peu près".
25 janvier 2017 A la fin de l'année dernière, Jean Vasseur est mort. Je ne connais rien de cet homme sinon qu'il a conçu la trompette semi-pro Zeff 901S que j'utilise chaque jour. Lorsque je suis en difficulté avec ma musique, je crois parfois régler mes soucis en achetant une "vraie" trompette, une pro, une Bach par exemple, un instrument à 1500, 2500 euros... voire une daCarbo. Mais le problème c'est moi, pas l'instrument. Et si La Zeff n'est pas au niveau d'instruments plus "nobles", peut-être est-elle justement plus trompette, justement : une invitation à plus de simplicité, plus d'essentiel ?
21 janvier 2017 L'animalité de l'oreille participe beaucoup au désir de vie. Il suffit de se souvenir de l'importance des grognements "cachés" derrière le champ de vision des premiers Doom ; et cette vision timbre poste et gros pixels était bien pauvre d'ailleurs. Pourtant, le jeu fonctionnait ; le son stéréo faisait tout !
C'est cette connexion directe entre le son et le plus profond des "moteurs" nerveux du corps qui fait sans doute le succès de la musique, de la berceuse à la danse pour le rythme, et du chant gutural au harsh noise wall pour le timbre, en passant par Liszt.
15 janvier 2017 Dans cet éternel "retard" du son sur l'image ("les oreilles n'ont pas de paupières" disait parait-il Socrate), une évidence me saute à la figure : nos oreilles nous informent sur ce que nos yeux ne voient pas. A la vitesse du réflexe, cela veut dire que notre ouïe est chargée de nous alerter d'un éventuel danger... un loup, une voiture. Les sons imprévus ou inconnus provoqueront alors de l'angoisse, tandis que les sons identifiables seront susceptibles de donner des musiques agréables. Voilà une des difficultés auxquelles les musiques improvisées et expérimentales sont confrontées.
10 janvier 2017 Improviser en solo ou à plusieurs sont deux pratiques très différentes. Elles peuvent bien entendu se nourrir l'une l'autre, même s'il faut du courage pour retourner travailler seul après avoir goûté aux autres. L'impro solo va puiser essentiellement dans les bagages, et la pratique est très difficile qui voudrait décoller de la mémoire, pour inventer et se réinventer, tout en restant, en devenant soi-même. Après une sorte d'échauffement, vient un état de concentration ; et simultanément un lâcher-prise qui pourra éventuellement ouvrir de nouvelles portes. Cela se produit parfois.
5 janvier 2017 Le son de la trompette "nue" se développe bien dans une acoustique réverbérante, plutôt sourde, grave, et plus ou moins longue ; une église, de la pierre, humide, froide. Des cages d'escalier me font parfois rêver ! Si le lieu privilégie plutôt des harmoniques aigus le son deviendra "canard", agressif, plus propice aux petits saxophones ; ça m'ennuie un peu d'écrire ça. Je parle évidement de la matière sonore complète de la trompette, pas seulement de son attaque, de cette attaque qui pète en fanfare. Si l'endroit est plat, "sourd", sans écho, j'ai parfois l'impression qu'il manque un bout de mon instrument. Que le son ne trouve pas à se déployer et qu'il me revient aussitôt dans la figure. Comme un type qui crache au vent.
24 décembre 2016 Backing tracks 2. "Je prends un blues et je m'emmerde". Je sais bien que ne s'ennuient que les ennuyeux. Je sais bien que ce blues, cet archétype comme d'autres archétypes, est un bien commun qui permet le partage. C'est à cause de ma propre pauvreté que je ne parviens pas à "nourrir" cette trame blues, à jouer avec ses codes, et à faire l'élastique avec son cadre.
24 décembre 2016 Backing tracks. Je m'exerce avec des pistes de jazz, swings, ambient, trip hop (oui, oui !) si possible offrant le plus de liberté possible. Parfois, souvent, c'est l'ornière. Parfois, tout de même, c'est le pied. J'ai bien le sentiment d'être un barbare, d'écorner la loi des gammes harmoniiiieuuuuses. Je le fais avec plaisir. C'est un peu comme un quinquagénaire qui fait de la gymnastique ; ça fait du bien parce que ça tire... Je me rassure en me convainquant que le véritable ignorant s'ignore ; moi, je suis au moins un sauvage à la lisière de sa forêt et que la ville fascine. Sinon, je prends un blues en LA ou en Mi, et ça roule, et bien vite je m'emmerde.
17 novembre 2016 Trompette : instrument archaïque, barbare et difficile, jaloux de ses frères trombones et autres embouchures plus graves, jaloux des saxes et autres anches, mais au son de velours incomparable ; seule la clarinette pourrait l'approcher.
1 novembre 2016 "Que l'art me montre du beau, le monde est bien assez moche !"
L'art devrait donc assurer cette fonction ? Parce que les médias, qui repeignent le monde en couleurs moches, nous plombent tellement ? Je propose l'inverse : les médias continuent de mentir mais en ne montrant que le beau (et ne se vendront peut-être plus), et l'art fait comme il veut (et ne se vendra de toute façon pas mieux).
26 octobre 2016 C'est pas comme l'autre qui cherchait où il avait noté son impro ; dans son classeur de partitions. Des impros se répètent, comme on creuse un sujet, comme le peintre refait et parfait son tableau, ou le décline. On reconnait ainsi une guitare, un timbre de cuivre, une attaque de bec. Parfois, on s'en lasse mais on ne devrait pas - l'artiste travaille - et rien n'interdit de laisser reposer une musique pour y revenir un jour. Elle aura changé, ou on aura changé !
22 octobre 2016 Une très belle pensée de Menuhin explique comment Bach était un équilibre entre l'expression personnelle et celle de la communauté. Un peu plus loin, il parle de la création artistique humaine comme d'une lignée à continuer. C'est cette idée de l'héritage culturel et de l'apport singulier de l'artiste, de l'empathie indispensable et de cet égoïsme "raté" qui nourrit un bien de l'humanité. Même si à l'aune des valeurs d'aujourd'hui (individu & star system), Bach me parait avoir négligé son ego, la phrase de Menuhin est très belle et utile.
5 octobre 2016 Un air mignon m'a interpellé sur le réseau, et j'ai commencé ce qu'on appelle aujourd'hui... un cover.
Des musiques sont belles, harmonieuses, oui, jolies, mais elles réduisent la musique aux carcans de leurs gammes. Et je suis fragile, tellement trop amateur, que je ne trouve pas le moyen d'échapper à ces ornières. C'est au point que ces musiques me paraissent réduire les possibilités de la musique à leurs seuls "tempéraments". J'ai l'impression d'un couloir si étroit que je me râpe aux murs. Au point que mon instrument semble perdre des notes, au point que des nuances ne pourraient plus exister, pourraient n'avoir jamais existé, tout comme une novlangue interdirait la pensée.
Et je crache du rauque dans ma trompette.
Et je me retrouve à remplacer ce "cover" par un rythme simple, puis juste un métronome ; et même ce dernier finit quelques fois par m'emmerder.
3 octobre 2016 L'écoute est sans doute une caractéristique centrale des musiques improvisées. Même soliste, le musicien peut écouter le silence qui précède - et chaque silence à sa couleur... Ou écouter plus prosaïquement l'acoustique de son environnement. Il peut écouter son public s'il en a un mais ces musiques n'en attirent pas beaucoup.
Ecouter les autres par bienveillance, mais dans le dialogue qui s'installe, pourra venir l'interprétation, les propositions, les distorsions, la contradiction. Tout ce qui fait la dialectique de l'échange... musical.
Sonophages (Toulouse) propose un beau texte court sur l'écoute dans les musiques libres. http://sonofages.free.fr/Labo.shtml
27 septembre 2016 Le trompettiste démotivé devrait observer le rossignol ; ce si petit oiseau montre combien la volonté peu beaucoup ! Il est virtuose, il est inspiré, il est spontané, il a le souffle puissant, il a toutes ces qualités dans lesquelles le musicien doit puiser, mais il a aussi cette étonnante volonté ! Regardons comme il y croit...
13 septembre 2016 Lorsque les trompettistes sortent un disque, il ont tendance à honorer leur instrument sur la pochette. Pourquoi ont-ils cette sacralisation de l'instrument ? Je crains toujours d'acheter un disque de trompette ; je préfère acheter l'oeuvre d'un musicien, trompettiste. C'est vrai aussi du guitariste. Et de quelques autres.
22 août 2016 C'est à la fois excitant et frustrant de comprendre que la beauté sera, pour l'oreille qui s'accapare la musique, dans les espaces et les silences et les non-dits, plutôt que dans ce que le musicien pose, ses sons, et ce qu'il a la volonté de faire entendre. Tout son talent serait alors de savoir laisser la place à quelque chose d'encore plus immatériel que la musique. Laisser flotter, entre les sons, les désirs de l'oreille de l'autre. Petite remise à sa place, au passage, du créatif.
19 août 2016 L'improvisation peut se jouer sur plusieurs niveaux, comme si le musicien allait puiser dans divers ressources. L'enjeu : tenter de les articuler. Celles apprises, qui participent du langage musical, qui peuvent s'échanger - on dirait presque d'un "air entendu" - comme des connivences, et ce n'est pas péjoratif. Le musicien peut aussi aller creuser plus bas, dans l'indistinct de l'instinct, dans la boue originelle, dans l'inarticulé des premiers balbutiements... avant le verbe ! Et c'est tout aussi légitime.
16 août 2016 L'autre jour, nouvelle configuration en trio acoustique : percussions latines, saxos, trompette. Je me suis vu essayer de faire le liant entre mes deux copains. Du coup, à vouloir structurer, je n'ai pas trouvé le champs pour me lâcher... et on me l'a fait remarquer. Une réflexion ? Je penche personnellement à construire, à "tramer", pour ensuite me servir de ce support et m'en échapper. Faut dire que ces temps-ci j'écoute beaucoup de Robert Fripp et Adrian Belew... Je comprends que mes deux copains auraient voulu l'inverse, c'est à dire tout mettre sur la table, délire compris, pour ensuite en extraire quelque chose.
Tirer l'ordre du chaos ou apporter le chaos dans l'ordre, au choix.
14 août 2016 Un certain free jazz que je comprends mal, me laisse perplexe. Exemple, Miles Davis, Nefertiti, Hand Jive ; un peu avant la 5ème minute, la basse sort de son mode de support et fait une proposition, semble-t'il, au saxo qui parait se chercher depuis un moment. Mais le saxo ignore totalement la proposition.
Est-ce la profusion de ce jazz fin 60 qui provoque cette surdité ? Mais il est tout à fait possible que je sois incapable de capter...
8 août 2016 l'homme sachant compter au moins jusqu'à 5 ou 6 est aussitôt menacé par ce "petit" savoir. Si je compte les marches en montant un escalier, si je compte les rondelles en tranchant un légume, je suis atteints.
En musique, improvisée, ça se manifestera par des automatismes, complètement idiots mais obsédants dès qu'on les repère ; j'ai eu un temps la manie de terminer mes phrasés par une note très courte, comme une ponctuation, tandis qu'un ami terminait systématiquement sur des tremolos à deux notes, ou faisait "déraper" sa hanche sur un trait hyper-aigu qui me vrillait les tympans. Un autre copain, plus simplement, voulait absolument avoir le dernier mot... difficile de finir un morceau !
Bref, ceci conscientisé, me voilà peut-être un peu plus libre de jouer vrai. Et voilà que je sais un peu mieux encore que la liberté n'est pas "laisser-aller", mais volonté de "lâcher-prise". Belle nuance.
4 août 2016 Si j'éprouve tant le désir de parler de musique, j'ai peut-être un problème. Ne devrait-elle pas se suffire à elle-même ?
28 juillet 2016 Le "bourdon" reste un beau mystère ! Comment me porte-il autant, pourquoi me permet-il de trouver l'envie, quelle matière fournit-il à mon désir de jouer et d'improviser ? Il peut n'être qu'une couleur ou qu'une pulsation sobre, ou bien, riche, très riche des bruits extérieurs et des surprises, il est un matériau auquel je marrie les sons de mon instrument. Les métaphores qui me viennent sont, la terre pour la plante, la lumière pour dessiner la forme, la pente pour courir, la joie pour le rire... autant d'images qui disent que le bourdon est responsable de beaucoup, facilitateur, comme la muse, et qu'il suffit de s'y laisser glisser !
7 juillet 2016 Une discussion au hasard d'une rencontre hier soir a remis sur le tapis la difficulté d'évoquer la liberté pour qualifier "l'improvisation libre". En ce qui me concerne, je veux bien le remplacer par ce qu'on voudra. Mes réflexions et mes pratiques concernant mon émancipation et mon degré liberté - bien sûr tout relatif - dans ma vie comme dans mes travaux, me laissent heureux, optimiste, mais toujours prudent. Et pas trop prétentieux.
Improvisation brute ? Non, la matière sonore n'est pas grossière parce que non prévue. Et le brut peut induire du noise, ce qui n'est pas nécessaire du tout ; improvisation spontanée ? Non plus, parce que cette matière n'est pas issue de rien, ni pour rien, comme on dit d'une génération spontanée, et parce qu'il y a le bagage, et parfois le poids du bagage, quoique que l'étymologie parle de "désir"...
On pourrait parler de partage, avec l'autre musicien d'abord, mais aussi avec le public, avec l'environnement, même indifférent en apparence, et avec les autres "couches" de soi-mêmes. Parce que cette pratique musicale pose comme règle d'or la "perméabilité", l'échange entre le dehors et le dedans, puis, presque simultanément, entre le dedans et le dehors.
Mais c'est aussi la définition de base de toute pratique artistique. L'échelle de temps, seule, change.
29 juin 2016 J'ai un problème "d'intention" avec l'improvisation. La première note donnera le ton à tout le discours musical qui suivra. Cette première note, pour laisser la place nécessaire à l'expression spontanée qui viendra je ne sais encore d'où, doit s'exprimer, se répandre, elle sera le support, mais elle ne devrait pas induire ce qui suivra. Elle devrait laisser le champ ouvert, 360° d'horizons possibles... Et quand ça vient, à la deuxième ou à la troisième note, je ne sais pas quand - surtout pas de préméditation mais de l'intention et de la disponibilité - quand se propose un "battement", là, exactement là, il ne faut pas hésiter, il faut plonger, la porte est est grande ouverte !
Peut-être est-il possible de recommencer aussitôt, mais je ne crois pas : l'air est déjà rempli de sons, le silence n'est plus vierge. Dans ce cas, je sais bien que je me réfugie dans des domaines que je connais déjà, mais je sais aussi que quelque chose à foiré, et que ça ne sera pas le bonheur qui arrive quelques fois. Tant pis, à demain.
23 juin 2016 Le musicien connait depuis longtemps les "bots". Débuts 90, il demandait à sa boîte à rythmes d'humaniser un peu ses patterns raides, en décalant légèrement hors des temps quelques sons, grâce à des fonctions pseudo-aléatoires ("shuffle"). Et c'était déjà pas mal ! Quelques années plus tard, le logiciel a su dépasser le bête arpégiateur et proposer des accompagnements ; on a tous fait joue-joue avec un orgue Bontempi pour enfant ! Puis, les Garage Band et autres outils manipulant du Midi ont donné le change... Aujourd'hui, les machines vont très loin dans la composition musicale, elles ingurgitent des statistiques à l'aune du big data, digèrent nos savoirs mieux qu'aucun musicien, et "performent" mieux qu'aucun cerveau et qu'aucune main ne pourra jamais le faire.
Où se niche donc la créativité du compositeur, et celle de l'interprète ? Faut-il, avec humilité, la reconnaître aussi aux machines ? Parce que, bien souvent, des hommes livrent des partitions mille fois entendues ou "bœufent" avec un automatisme digne de la pire machine d'autrefois...
Refoulés jusque dans nos derniers retranchements, posons-nous la question : "qu'est-ce qui fait l'essentiel de l'artiste musicien ?" Je suggère que la musique improvisée peut apporter des éléments de réponse, parce qu'elle joue avec l'incertain, et reconnait la fragilité. Un robot pourra apprendre à lancer et attraper une balle et il le fera désormais parfaitement ; s'il hésite, ce sera une simulation, comme le "shuffle" de la boîte à rythmes. Pour le même jeu, un homme ne sera jamais, jamais parfaitement sûr de lui ; il arrivera toujours un moment où il ratera la balle. La créativité artistique se situe peut-être dans cet "à peu près", cette imperfection. Donc dans cette attention toujours nécessaire (avec désir ?) pour continuer de nous adapter à l'incertain.
11 juin 2016 les musiques "codées" laissant place à l'improvisation s’accommodent d'un peu d'accident, en justes proportions, et qui viendront tirer les oreilles. Vu d'un autre point, les musiques dites "libres" choisissent le chaos comme une matière première, et très accidentée s'il le faut, d'où elles extraient l'information, et quelques fois de la beauté. Cette beauté est superbe parce qu'elle apparait, devant nous, nue, par-dessus le terreau chaotique et sale de ses origine. "On nait entre la merde et la pisse", disait l'autre.
24 mai 2016 improviser avec l'autre, c'est un processus sans fin : avec l'inconnu, c'est d'abord laborieux mais c'est nouveau ; et même si on échange quelques banalités, comme pour se "trouver", c'est déjà une belle découverte. Avec l'ami, celui qu'on connait bien, c'est comme poursuivre une discussion laissée là, même des mois avant ; et se dire, renouvelé, ce qu'on ne s'était pas encore dit.
23 mai 2016 certains musiciens discutent comme ils jouent, c'est à dire qu'il parlent beaucoup mais ne savent pas écouter, ne veulent pas échanger. Comment apprennent-ils ?
15 mai 2016 l'improvisation sonore serait comme un raccord aussi correct que possible, une bonne plomberie, entre concentration et lâcher prise. Concentration sur soi et son corps, sur son instrument, ses possibilités et ce qu'on sait lui demander ; et lâcher prise pour s'ouvrir aux autres, à l'environnement, à ce qui ne ce voit pas mais qui est là, au-dessus ou "entre", au-dessous bien sûr, aussi. Ce qui est là et qui ne peut se dire avec un autre langage que la musique.
21 avril 2016 j'écoute cette musique des autres.
5 avril 2016 dans ce pays-ci, le paloumayre explique que le filet rempli de palombes n'est pas le plus important. Comptent aussi la palombière, les amis et les échanges, l'attente et le temps qui passe... des instants indéfinis et des moments de magie. On pourrait utiliser leur exemple pour la musique improvisée, exactement ! Le résultat n'est pas le plus important, vivre ce qui se passe l'est.
23 mars 2016 une première note, si possible même pas préméditée, puis une deuxième, peut-être trois, laisser résonner sur les parois du crâne, condenser, infuser... le discours de l'impro vient, appelé par cette première matière. Pas vraiment spontané, ce discours s'en va puiser dans les imprégnations du jour, de la saison, de l'année, de l'enfance, de l'époque, du milieu, et bien sûr de tout l'héritage humain depuis la grotte voire le terrier lémurien.
15 août 2015 le fétichisme autour de la musique, pourtant presque immatérielle, me gène et je tente d'y réfléchir, mal, chaque fois que l'occasion se présente.
Fétichisme de l'artiste pour l'instrument (et pour la partition, et la scène, la salle de concert, Paris, Vienne...), fétichisme de l'amateur auditeur pour le musicien, sa photo ou sa dédicace, pour le disque, pour la matérialité du disque ! Moi le premier, lorsqu'étudiant nomade je possédais des K7, copiées ou originales, et que je redécouvrais le vinyl encombrant chez le disquaire, j'éprouvais un sentiment étrange de nouveauté en même temps que de déjà-vu ; comme si la pochette dans son format carré (LP) plutôt que rectangulaire (K7) allait renouveler l’œuvre enregistrée contenue... idem pour les rééditions qui modifiaient la pochette.
Un ami, au festival pourtant free de Luz, qui me confiait sa gène à l'écoute des sons électroniques et autres techniques étendues dont on n'identifie pas la source, instrument ou musicien, me faisait cette même démonstration de l'attachement à la matière qui produit le son autant qu'au son lui-même.
Un jour, alors que j'étais justement en train de tenter d'expliquer mon goût pour les sons inexplicables à une amie (Marie, qui disait justement ne pas apprécier la musique dans l'obscurité du Lubathyscaphe-K), nous avions été mis en présence d'un phénomène fantastique : une vieille femme (Marie Lubat) avait fait grincer, une fois seulement, une porte (de l'Estaminet d'Uzeste qu'elle habitait encore), au moment exact où une tourterelle avait roucoulé, une fois seulement, sur le toit d'en face (la maison Liégeois). Les deux sons, juxtaposés dans le silence calme de l'après-midi du village, se sont tellement bien mariés qu'ils ont produit un autre son, un son nouveau, qui n'existait pas, un bruit impossible, irréel !
Là, on était par accident dans la magie extraordinaire que peut la musique. Il y a pour l'oreille un potentiel, une puissance incroyable que les autres sens ne peuvent pas. Vue, odorat-goût, toucher. Peut-être parce que l'ouïe est bien à cheval entre le sensible et l'intelligible ? Mais qu'est-ce qui est culturel, qu'est-ce qui est naturel ici ? Tandis que la vue est devenue trop cortex (l'image reine !), tandis que le toucher est resté plus reptilien ? Résumé grossier bien sûr.
Les explorations passionnantes des synthèses sonores, additive, soustractive, et modulation de fréquence de Chowning-Yamaha surtout (à mon avis), étaient de belles invitations à l'abstraction ; il y a eu les années 70 et l'épopée psychédélique. Mais les synthèses les plus réalistes ont gagné la guerre des synthés (Roland ou Korg et leurs additives + échantillons) dans les années 80 pragmatiques. Bien sûr, il y a eu quantité d'explorateurs de ces musiques et sons étranges. Mais il semble qu'on préfère l'exotisme des sons étrangers à l'étrangeté des sons impossibles, pourtant endémiques (oui, les technologies occidentales nos sont endémiques !)
Pour les derniers résistants ou pour les futurs créateurs, la synthèse par modélisation physique est une belle promesse de renversement de la matière et de ses bruits : il s'agit grâce à elle de proférer des sons matériellement réalistes mais qui seraient produits par des instruments virtuels, donc inexistants voire impossibles... une guitare grande comme une cathédrale ou une nano-orgue :-) Rendez-vous des chimères vents, percussions, cordes. Tout est permis !
15 avril 2015 improviser la musique serait une pratique naturelle, comme le dialogue. Une discussion n'est pas pré-écrite. On peut avoir envie ou besoin de parler de quelque chose, mais on ne sait jamais où notre interlocuteur nous emmènera. Ainsi, passées les premières politesses, le bonjour, le "comment vas-tu ?" et peut-être deux ou trois remarques sur le temps qu'il fait, l'art improvisé de la discussion s'installe. Les préliminaires météorologiques, en musique aussi, ont leur sens : ils sont là pour prendre en compte l'autre, et son moral, son énergie, ses désirs. Il s'agit d'établir un échange, de faire la trame. Le plaisir d'écouter, de répondre, de reformuler, appuyer, contrer, nier, s'exclamer, rire, se taire aussi, même se taire ensemble, tout cela se conjugue dans cette dialectique de l'improvisation de la discussion.
Les comparaisons ont des limites, mais pourquoi en serait-il autrement en musique ?
22 février 2015 si l'émotion esthétique est liée à la mémoire, on comprend la difficuté qu'il y a à défendre l'improvisation. Pourtant, celle-ci joue avec le feu, le feu du sensible et de la première émotion, peut-être la plus vraie, en tout cas celle qui n'est pas encore repeinte de culture. Bien sûr, improviser n'est jamais réinventer totalement, mais rien n'interdit de s'approcher des frontières, de l'incertain, de l'accident, mais aussi du goût, du bien ou mal-être, du grossier, du brousailleux non-défriché... et ce sont encore autant d'arguments en faveur de l'improvisation artistique créatrice.
15 janvier 2015 écouter de la musique oui, écouter de la musique tout le temps, musique partout, omni-musique ! Certains vont hurler (merci, hurler est encore musique :-) contre les musiques pour ascenseur, supermarché et aéroport, contre les musiques "faciles" et au kiomètre (mais on peut faire des muzaks toujours inspirées, Brian Eno l'a montré, et des musiques systématiques et vides, comme de grands "maîtres" l'ont aussi montré). Pourtant, j'insiste, la musique est partout, et elle est partout souhaitable.
Parce que le silence s'écoute encore comme une musique. Et chaque bruit aussi, comme on touche une matière, comme on respire une odeur. L'oreille ne se clôt jamais ; pas le choix ? Le son devenu musique, parce qu'on le décide, offre merveilleusement le "vivre au présent".
26 décembre 2014 la peinture prend le temps de sécher tandis que la musique est donnée toute mouillée.
L'avènement de l'enregistrement sonore et sa reproduction (phonographe d'Edison, gramophone de Berliner) ont permis d'ouvrir un champ à la musique qui était alors réservé à l'écriture et au dessin. La musique était uniquement un art de l'instant, rivée au temps ; seule la mémoire pouvait en rendre compte. Écriture et arts plastiques peuvent au contraire depuis qu'ils existent, s'élaborer sur le bureau, dans l'atelier, dehors sur des carnets, ils peuvent s'évaluer, se jeter honteusement ou se conserver, se repentir, se mettre de côté, se reposer, et s'y remettre pour se parfaire.
Ces cent dernières années, peut-être un peu plus, ont proposé à la musique de se concevoir comme un art différé, un art en deux temps, le temps de la création, puis celui de l'exposition. Le phénomène est très intéressant parce que la partition n'y suffisait absolument pas, le disque et le Cd, la bande magnétique, les mémoires électroniques sont bien plus fidèles ! Il ne faut pas négliger l'influence de ces technologies sur l'élaboration de la musique ; sur sa distribution et son modèle économique bien sûr, mais ça, on en a suffisamment parlé avec la dématérialisation et l'effondrement du Cd.
La musique, du brouillon et des accidents de l'art vivant, de l'échange entre la scène et le public, est devenue un art d'orfèvre, où l'ingé son est artiste à côté des musiciens. Un art de conserve disent certains, une mise en boîte ou de la musique en tube. Sans doute, mais les conservatoires existaient déjà... Peu importe, la musique a continué de se façonner dans cet univers, elle s'y est métamorphosée. Elle revient maintenant au "live" parce que son modèle économique, perverti par l'industrie, s'est effondré et seuls les concerts paient aujourd'hui les musiciens.
Enfant des années 70, les concerts me décevaient parfois lorsqu'ils ne "performaient" pas autant que les disques. Il faut dire que c'était des musiques élaborées qui se prêtaient mal au live (le Genesis tardif, Oldfield...) J'appréciais les shows (Gabriel, Floyd...) Et les concerts classiques m'impressionnaient beaucoup plus pour ce qui est du son. J'étais un pur produit de la musique en boîte. Et c'est à l'écoute d'un disque live de Dire Straits, Alchemy je crois, que j'ai compris. J'ai compris que la scène comportait autre chose que le disque, et générait un autre moment : grâce au public, grâce à l'instant, peut-être une communion, une magie qui prend forme. Ou pas.
Et qui quelques fois passe aussi dans l'enregistrement. Ou pas.
28 novembre 2014 l'inconvénient avec un art d'improvisation essentiellement sensible, c'est l'absence de projet. En tout cas l'incertitude. Il n'y a que le moment présent, des interactions, des Input/Output dirait un informaticien, avec des opérations sur l'instant. Au mieux, des condensateurs (électronique) ou des petits buffers (numérique) permettent quelques délais. Cela ne fait pas un discours.
Mais !
Mais, qui a dit qu'il fallait absolument un projet et son but ? Et pourquoi pas introduction, thèses et anti-thèses, et conclusion ? Voilà un postulat très culturel qu'il faudrait savoir remettre en cause.
Mais, qui peut encore ignorer que la qualité du présent vaut bien un éventuel futur, éventuellement meilleur ? On est certain en tout cas que le plaisir existe au présent, et que le désir veut un futur le plus proche possible.
Mais, qui peut savoir si l'instant et la succession des instants n’œuvrent pas tout de même à quelque objectif ? Aidés par l'artiste ou tout à fait malgré lui ? On dit bien "c'était dans l'air du temps", même à propos des Einstein. Certains ont même supposé que nos idées nous sont soufflées par des électrons pensants...
Mais, quel artiste ne sent pas confusément qu'il va bien quelque part, sans trop savoir où, mais tant pis, va-y, aie confiance ?! Au moins tu auras une chance de te connaître toi-même ; et c'était déjà confusément mais pas par hasard que tu avais voulu créer et t'exprimer ainsi.
Mais, accidents et trouvailles ne sont-ils pas les dés du jeu ? Jeu qui serait tellement chiant si on n'y introduisait pas du hasard, tellement chiant qu'on n'y jouerait même pas !
Mais, les bons capitaines naviguaient au jugé, et, avec la bouteille, je veux dire avec l'expérience, pour corriger un cap ou virer de bord, ils découvraient des Amériques même s'ils cherchaient les Indes. Et quelques fois, c'est vrai, avec la bouteille et d'autres ingrédients aussi, plus ou moins recommandables et plus ou moins maîtrisés.
On devrait rebaptiser l'improvisation incertitude volontaire.
23 novembre 2014