n°177 - 24 novembre 2000

édito

Si ce n'est pas tout à fait "relâche", comme annoncé la semaine dernière, cette édition du Marcbook est plus courte que d'ordinaire ; pas de test de logiciels, des infos juste survolées et des opinions à peine ébauchées. Quelques événements à signaler ont eu lieu cette semaine.

Permettez-moi aussi de vous annoncer ma modeste participation à l'illustre WebRevue dirigée par Laurent-Pierre Gilliard, AEC.

http://www.aecom.org/webrevue/Sommaire.htm

Anonymat

Des précisions à propos d'anonymat, de mouchards et de grandes oreilles sur le réseau. S'il ne s'agit pas de suspicion excessive mais d'une réalité, il ne s'agit pas non plus de se camoufler, comme aux belles heures du Minitel rose. On se souvient combien les pseudos étaient néfastes à la qualité des échanges.

On peut se poser des questions au sujet du respect de la vie privée en faisant l'analogie avec le commerce traditionnel. Je veux parler de petits commerçants de villages ou de quartiers ; si Carrefour ou Édouard Leclerc ne savent pas exactement ce que je consomme chez eux, question d'échelle, le café du coin sait très bien que je ne bois que du blanc (doux) et quel tabac je fume. Si Madame Machin du kiosque à journaux m'apprend qu'un nouveau magazine est paru et qui pourrait m'intéresser, elle ne m'agresse pas, bien au contraire ! Et si je lui explique que ce faisant elle me spame, elle me jugera cinglé ; elle aura raison.
Nous sommes des êtres sociaux et je suppose que les liens civils impliquent une sorte de traçabilité. Et puis ma mère m'a tracé toute mon enfance, elle doit savoir sur mon compte des choses que je ne soupçonne même pas :-) Bref, cela ne me gêne pas, c'est dans l'ordre des choses. Et l'épicier n'est pas obligatoirement "méchant". Par contre, et toute la différence est là, je sais qu'il sait.
Nous avons tous un comportement conditionné vis à vis de notre entourage qui est basé sur cette règle, où proches et voisins s'identifient mutuellement : l'épicier connaît les goûts de ses clients mais il n'en abuse pas. C'est évident que ces conditions sont loin d'être remplies par les acteurs du réseau.

Criminalité en ligne

Les experts du Conseil de l'Europe sont en train de peaufiner une convention de lutte contre la cybercriminalité. Mais un regroupement d'une cinquantaine d'ONG, la Global Internet Liberty Campaign (GILC), critique sévèrement ce dossier qu'elle dit "préfigurer une société de la suspicion".
Tout d'abord, le Conseil de l'Europe se voit reprocher de travailler sans transparence, comme d'habitude. Ensuite, les dispositions de la convention sont jugées trop floues, prêtant à diverses interprétations. Par exemple, les "intermédiaires techniques de connexion", c'est à dire les fournisseurs d'accès Internet (FAI) pourraient se voir tenus d'enregistrer les connexions de leurs clients si la police le demande. Enfin, les interprétations du texte peuvent largement varier selon le lieu où il sera appliqué, parce que les lois des quarante et un pays concernées sont loin d'être homogènes.

Pour ce qui est des FAI et de leurs "logs" (les journaux des connexions en question), je crois qu'il ne faut pas se faire d'illusion. Aujourd'hui, ce sont les fournisseurs d'accès qui peuvent le mieux tracer les navigations des internautes, pour plusieurs raisons :
• ils sont un passage obligé,
• leurs surveillance ne repose pas sur tel ou tel logiciel utilisé par l'abonné,
• ils peuvent illico faire le lien entre les coordonnées du client et le numéro IP attribué dynamiquement lors de la connexion,
• ils ont accès très simplement aux contenus des messages envoyés et reçus en e-mail,
• ils peuvent établir une cartographie précise des correspondances e-mail avec les adresses de leurs clients mais aussi, bien sûr, celles des correspondants de leurs clients.
• etc.

Et pourquoi croyez-vous que les offres d'accès gratuits ont fleuri sur le réseau, malgré le coût des infrastructures et malgré les compétences nécessaires pour être un fournisseur correct ? Parce qu'un FAI est placé à un noeud stratégique du réseau. On peut donc supposer que les FAI épluchent leurs logs et que nous sommes effectivement tracés, même si c'est dans un optique plus marketing que policière.

http://interactif.lemonde.fr/article/0,3649,2850--118999-0,FF.html - un article du Monde Interactif.

Littlebuddy

Ceux qu'on nomme "hackintoch" se sont aperçu que Mac OS 9 lançait discrètement des connexions sur un mystérieux serveur à l'adresse littlebuddy.apple.com et lui fournissait des données. Comme la population Mac communique extrêmement bien, le fait s'est répandu vite fait, et Littlebuddy a été mis à la question. Mais Apple l'a fermé rapidement tout en niant son existence. Après mûres réflexions, et sans craindre de se contredire, Apple a ensuite expliqué que c'était l'assistant d'installation qui tentait d'envoyer des données d'enregistrement, bla bla bla...

Et oui, Apple aussi.

http://til.info.apple.com/techinfo.nsf/artnum/n25206

.aero

L'Icann a travaillé ferme. Voilà les 7 nouveaux Top Level Domains : .biz pour business, .pro pour les sites professionnels, .name pour vous et moi, .info (devinez ?), .museum, .coop et le dernier, dont on se demande où ils sont allé le chercher, .aero. Celui-là indique tantôt les voyages, tantôt l'aéronautique selon la presse ; la confusion commence déjà ! Mais c'est vrai qu'on ne voyage plus à pieds.
Les sites persos échoiront je suppose à .name, tandis que le .pro s'adresse aux professionnels genre avocats... Beaucoup resteront finalement chez .com. Notons que le .sex a été refusé, ce qui n'est peut-être pas malin ; ça aurait permis non seulement un filtrage plus efficace mais aussi d'éviter les confusions : un ami avait placé des http://www.xxx.com sur une maquette de site Web en attendant de les remplacer par des urls véritables, sans se douter que ce nom de domaine pointait bien quelque part...

Je parie que les premiers noms de domaines qui s'ouvriront le feront surtout pour marquer le coup, et ne seront que des alias de .com existants, parce que le suffixe le plus employé (50% environ) a de beaux jours devant lui tant que les navigateurs complèteront automatiquement les urls avec "www.___.com".

Il reste qu'on reproche à l'Icann d'avoir surtout prêté l'oreille à ceux qui avaient le plus de moyens de la lui faire tendre (ou de la lui tirer).

.ca

Les vénérables Chroniques de Cybérie nous apprennent que 55000 noms de domaines parmi les 98000 suffixés .ca ne sont plus entretenus et que la nouvelle association qui gère ce Top Level Domain ne parvient pas à les faire ré-enregistrer. Cela donne une idée du "turn-over" qui sévit dans le milieu, à l'image de celui qu'on voit pour l'emploi dans cette même industrie, à l'image aussi du nombre des projets mort-nés qu'elle génère.

Yahoo Québec

Yahoo sort enfin sa version française au Canada, avec une recherche spécifique sur les sites canadiens francophones. Il était temps ! Un peu comme une reconnaissance des mérites de la francophonie outre-Atlantique : le Québec a été l'initiateur et pendant longtemps le promoteur de la langue française sur le Net, pendant que chez nous on se demandait si notre Minitel était vraiment en danger.
Je cherche encore aujourd'hui des sites français à la hauteur de certaines réalisations québécoises, en particulier produits par les institutions. Je pense par exemple aux excellents "Digests de la construction au Canada" du CNRC.

http://cf.yahoo.com/
http://fox.cisti.nrc.ca/irc/cbd/cbd-f.html

Mémoire & claviers

Le prix des mémoires chute malgré quelques oscillations. Je veux dire... le prix des mémoires numériques, parce que la nôtre, notre mémoire, semble chaque jour plus chère, et incidemment on en possède de moins en moins. Nous nous moquons de nous-mêmes, nous condamnant à revivre l'histoire faute de s'en souvenir, mais notre milieu des hautes technologies est bien pire, même si les conséquences sont moindres.

L'autre jour, parlant du TabletPC, la future ardoise sans clavier de Microsoft, je m'étais souvenu d'un détail que j'ai oublié d'écrire ensuite (pauvre mémoire). Le voici : il y a trois ou quatre ans, au tout début de l'engouement pour les PDA, Bill Gates disait qu'il ne croyait pas aux micros de poche sans clavier, que quelle que soit la taille de l'appareil, l'utilisateur réclamerait toujours un clavier. Je me souviens aussi que j'abondais dans son sens, au moins en ce qui me concerne, parce que le micro que l'emmène avec moi me sers essentiellement à écrire, à noter. Et puis, la reconnaissance d'écriture manuscrite patauge encore trop pour qu'on espère l'embarquer dans ces machines à la puissance limitée.
Sans doute, les réflexions de Bill Gates étaient-elles tirées de l'expérience du PDA d'Apple, le Newton, qui tardait à s'affirmer ou à se planter ?
En tout cas, Gates s'est trompé. Têtu, il a insisté longtemps avec les versions successives de Windows CE, avant de décliner récemment son mini-OS en une version tactile uniquement, c'est à dire avec une roue dans le sillon tracé par Palm.

Maintenant, Gates embarque carrément Whistler dans cette future ardoise. Là encore, il s'entête dirait-on, parce que les ardoises qui remportent le plus de suffrages sont aussi les moins puissantes et les moins chères (Palm Pilots) et celles qui n'ont pas séduit le public étaient les plus coûteuses et les plus performantes (WindowsCE/PocketPC). Or, le patron de Microsoft veut offrir le plus de puissance possible aux portables, PDA et mobiles, et déclare au Comdex que l'histoire du PC n'est pas terminée, que tous ces terminaux sans-fils qui font florès au salon d'automne ne seront à terme que des PC relookés et diversement spécialisés, mais toujours de puissantes machines de type PC... et qu'elles auront donc besoin de Windows.
Ici, on comprend aussi que Gates tente de montrer un horizon où les serveurs de Sun sont absents.

http://www.key3media.com/comdex/ - le Comdex.

x86

Intel livre enfin le Pentium 4 corrigé. Au Comdex Fall, le fondeur annonçait que son armée d'épigones promettait des machines équipées du processeur dès la semaine suivante : Dell, Compaq, NEC, Gateway, Hewlett-Packard, IBM et d'autres encore, idem pour Via Technologies qui produit déjà des chipsets pour ladite puce accompagnée de mémoires Rambus. Alors qu'on sait la RDRam condamnée.
A cause de l'erreur d'Intel, qui avait rappelé son Pentium défectueux, tous ces fabricants ont été contraints de chambouler leurs unités de production, mais aucun n'a exprimé le moindre reproche. Tandis que l'autre jour, on rapportait les critiques faites au jeune processeur Crusoe par les mêmes IBM, Compaq... La différence, c'est que Transmeta est petit et Intel est grand.

Pas découragé, Transmeta promet des évolutions soutenues avec pour objectif un Crusoe deux fois plus économe et deux fois plus puissant à la mi-2002. D'ici là, Transmeta doublera le nombre de portes de ses puces, soit 256bits et optimisera son Code Morphing (couche logicielle d'émulation x86 ; version 4.2 présentée au Comdex Fall) au rythme de deux mises à jour par an.

virus Navidad

McAfee lance un avertissement à propos d'un nouveau virus nommé Navidad, c'est Noël. Malgré son nom, qui est exactement " W32/Navidad@m", il ne se répand pas qu'en Amérique Latine et au sud des USA, mais aussi en Angleterre en ce moment.
C'est un WORM qui s'exécute au lancement d'une pièce jointe ("Navidad.exe"), s'en va se loger à côté de l'horloge dans la barre des tâches sous la forme d'une jolie et bien peu discrète icône aux yeux bleus, puis répond automatiquement, pour se propager, à tous les messages que vous recevez.

MP3.com

Universal était le dernier combattant sur le ring contre MP3.com, Warner,
EMI, BMG et Sony ayant accepté de "discuter". Derrière les principes de droit des auteurs et de copie illicite, le patron français d'Universal montrait sans vergogne que le fond du problème était une question de gros sous : "Pourquoi devrions-nous faire un deal d'un million de dollars alors que nous allons en récupérer 250 millions par la voie de la justice ?"
Comme sur les marchés d'autrefois, l'affaire s'est résolue en palabres, MP3 donnera 53,4 millions de $ à Universal, plus un droit d'achat de ses actions, moyennant quoi ce dernier lui accordera l'accès à son catalogue.

Pointage pour Office

Présentant l'odieuse chose comme une nouvelle "opportunité excitante" (sic) de sa stratégie Office.NET à l'attention du grand public et des petites entreprises, Microsoft, annonce un nouveau système d'achat pour sa future Suite Office 10. Pour un prix plus faible (mais non précisé) que celui de la version traditionnelle, le client pourra utiliser les applications pendant un an. 90 jours avant l'échéance, des alertes l'inviteront à filer sur le site de l'éditeur avec son numéro de carte bancaire, ou à décrocher son téléphone ou encore retourner au magasin. Passée cette année de bonheur sous Office, le malheureux se retrouvera avec un simple viewer qui lui permettra d'ouvrir ses documents, les contempler sans y toucher, mais tout de même les imprimer.

Le client qui n'aura pas voulu pointer chez Maître Microsoft pourra tout aussi bien désinstaller Office et se tourner avantageusement vers une solution gratuite. La semaine prochaine, justement, je vous parlerai d'une alternative, un traitement de texte. Promis.

Microsoft SharePoint

Prenant l'exemple sur ces mini-applications et outils satellisés sur le Web, Microsoft mettra SharePoint en orbite autour d'Office 10, fenêtre de tir vers la mi-2001.
On ne sait pas encore si SharePoint sera inclus dans la suite ou proposé comme un service électronique, livré avec IIS et NT ou quoi ou qu'est-ce. On sait seulement qu'il permettra d'associer des bouts de discussions (forums et chats) et des commentaires, des approbations ou des invalidations, voire des sondages, à un document Office. Ce nouveau genre de service accompagnant le Suite aura donc des notions de partage de fichiers directement accessible depuis les boîtes de dialogue des applications, mais pointant sur le Web (donc sur un serveur, et donc, risquons une conjecture, sur IIS ?)
Selon Microsoft, SharePoint, qui vient tout juste d'entrer en phase de bêta test, est un site Web pré-défini avec des fonctions standards de travail de groupe.

À propos de mini-applications, voyez la dernière WebRevue, justement, où il est question de Calendars, et surtout des Zaplets, qui sont des petits bijoux.

Asimo

Si vous en avez marre de promener le chien robot de Sony offrez-vous Asimo, un autre robot mais cette fois de chez Honda. Bipède d'1,20m pour 43kg, il saura emmener Aibo faire pipi et le prix de la laisse ne pèsera pas lourd dans la balance. Pourquoi ce nom ? il vous fait penser à qui ? Mmm ? :-)
Mais à voir ce bel Asimo, on voudrait lui confier des missions plus glorieuses, comme aller sur Mars. Il semble équipé pour.

http://www.honda.co.jp/ASIMO/

Winamp version 2.7

WinAmp est arrivé en version 2.7, toujours gratuit et toujours sorti des fourneaux d'AOL ce qui n'est pas pour plaire. J'ai interrogé les différents sites anti-spy à son sujet, mais le fameux player MP3 n'est pas soupçonné de pratiques douteuses, comme c'est le cas, avéré, d'ICQ, le freeware de Mirabilis tombé lui aussi dans l'escarcelle du grand fournisseur d'accès. Peut-être est-il un peu tôt pour blanchir WinAmp ?

Depuis la version 2.5c, la dernière avant qu'AOL ne s'intéresse à lui, WinAmp a évolué comme suit : meilleur intégration Netscape/Internet Explorer, système de bookmarks, meilleur support des CD-Audio (depuis la v2.60) avec aussi un menu spécifique, installation plus propre et avec plus d'options, amélioration des l'authentification et de la gestion des proxies lors du streaming, amélioration du décodeur de fichiers .mod, amélioration de la gestion des playlists...

WinAmp se décline maintenant en 3 versions, toutes trois gratuites. La "lite" correspond à peu près à celle qu'on connaissait, la "Standard" y ajoute le support du format WMA (Windows Media Audio) de Microsoft que la lite vient de perdre, ainsi qu'un Visualization Studio (les plug-ins regroupés ?), et la "Full" reprend le tout plus le support de fichiers M-Juice. De la plus légère à la totale, on téléchargera respectivement 494Ko, 911Ko ou 2,16Mo.

Ils sont très amusants chez Nullsoft : dans la série des versions deux point quelque chose, toujours avec deux chiffres après la virgule, ils ont réussi à placer une 2.666 ; qu'est-ce qu'on rigole. Par contre, le site à fond noir satanique est passé au blanc virginal, plus pro aussi, et s'est épuré des zigouigouis qui clignotaient partout.

http://www.winamp.com/
http://www.winamp.com/getwinamp/ - formulaire.

en bref : Tiff FX - ViaVoice Linux - Netscape 6 - pubs + pubs

• Microsoft et ScanSoft s'attaquent au PDF Acrobat d'Adobe et dépoussièrent le format TIFF FX qui avait été mis au point pour faxer de manière plus évoluée. Le Reader ClearType du même éditeur, Microsoft, n'était donc pas une réponse au PDF, même future ; j'avais raison et ils avaient tord, ceux qui prétendaient le contraire, et j'en suis bien content.

• IBM n'en peut plus de faire des cadeaux à l'OS qui promet et qui monte. Maintenant, c'est son application de reconnaissance vocale, ViaVoice, qui s'en va se loger dans les distributions Linux MandrakeSoft 7.2.

• Les premiers retours (de manivelle) concernant Netscape 6 ne sont pas très encourageants. On se plaint que cette version définitive ne vaut guère mieux que la Preview Release livrée avant elle, on dit que des fonctions sont toujours absentes ou incorrectes. Attendons encore...

• Avez-vous remarqué ? VNUNet et Le Monde Interactif affichent maintenant des bandeaux de pub verticaux. Le changement est très rafraîchissant, merci, on se commençait à se lasser des bannières horizontales en haut des pages. L'ennui, c'est que chez VNU, ils cumulent les deux...

La photo de la semaine : http://www.malexism.org/photos/sable.html

"Page, allez avenir Chiméne de ma part".
Corneille selon MobiPocket !

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Réalisation, information, tests et rédaction : Marc-Alexis Morelle.